Plonger au cœur du BP REA Viticulture : Savoirs, compétences et promesses d’un diplôme innovant

Une formation structurée autour de l’exploitation viticole d’aujourd’hui

Le BP REA (Brevet Professionnel Responsable d’Exploitation Agricole) spécialisation viticulture s’adresse aux futurs chefs d’exploitation, salariés expérimentés ou porteurs de projet. Son accès est conditionné généralement par un niveau 3 (CAP ou équivalent) mais nombre d’apprenants ont déjà une expérience en viti-viniculture. Le cursus, rénové depuis 2019 pour mieux coller à la réalité du terrain, repose sur une logique de blocs de compétences, valorisant la pratique et l’autonomie.

  • Durée : de 1 à 2 ans (900 à 1200h en centre + stages ou alternance)
  • Formation possible en apprentissage, individuel, formation continue ou VAE
  • Validation des acquis basée sur des situations professionnelles (études de cas, dossiers entrepreneuriaux, etc.)

L’objectif principal est clair : amener l’apprenant à être capable de gérer une exploitation viticole de A à Z, sur les plans technique, économique, administratif et humain. Selon Chambres d’Agriculture France, 46% des installations dans le secteur viticole en 2022 se sont faites avec un BP REA ou équivalent (chambres-agriculture.fr), signe de l’ancrage de ce diplôme dans le paysage.

Compétences techniques : maîtriser le cycle de la vigne et les pratiques innovantes

Du vignoble au chai : la formation technique incontournable

Au cœur de la formation, le solide socle technique. Sujets abordés :

  • Phénologie de la vigne : compréhension des cycles de croissance, identification des stades clés (débourrement, floraison, véraison, maturité, repos végétatif).
  • Travaux viticoles : taille (guyot, cordon, gobelet…), palissage, relevage, vendanges – mécanisées ou manuelles.
  • Protection phytosanitaire : maladies (mildiou, oïdium, black rot, esca), ravageurs (eudémis, cochylis). Introduction forte à la lutte intégrée, la prophylaxie et l’usage raisonné des produits phytosanitaires. Selon l'IFV, 71% des viticulteurs engagés post-2020 ont intégré au moins une technique alternative de protection (Institut Français de la Vigne et du Vin).
  • Gestion du sol : choix d’enherbement, travail mécanique, fertilisation (engrais verts, amendements organiques), gestion de la ressource en eau.
  • Notions d’œnologie : initiation à la vinification, aux suivis analytiques, à l’hygiène du chai. Ce point s’avère d’autant plus marquant que 29% des exploitations viticoles françaises vinifient partiellement ou totalement leur récolte en 2023 (Source : Agreste).

Au-delà du raisin : les grands enjeux de la viticulture moderne

Le BP REA Viticulture ne se limite plus à la technique « pure ». Il intègre :

  • Transition agroécologique : diagnostics de biodiversité, utilisation de couverts végétaux, gestion différenciée de la flore, adaptation au changement climatique.
  • Numérique et outils connectés : matériel de gestion parcellaire, stations météo connectées, analyses de données terrain, logiciels de traçabilité.
  • Certification et réglementation : bases des démarches AOC/AOP, cahiers des charges, certification bio, HVE (Haute Valeur Environnementale), traçabilité produits.

Une anecdote souvent racontée en formation : dans le Bordelais, plusieurs lycées agricoles simulent la gestion d’un épisode de gel tardif via des logiciels météo, pour former les étudiants à la prise de décision en situation de crise – initiative saluée par la profession en 2021 (source : Sud-Ouest).

Gestion, commerce et communication : le triptyque de l’exploitant viticole

Si le savoir-faire technique reste crucial, la dimension entrepreneuriale occupe à présent une place centrale. Les blocs de compétences intègrent :

  • Construction d’un projet d’exploitation : élaboration de business plan, analyse des charges et produits, projections de rentabilité. Cette partie passe souvent par la rédaction d’un "plan d’entreprise", exigé pour toute première installation bénéficiant de la DJA (FranceAgriMer).
  • Gestion comptable et administrative : bases de la facturation, tenue d’un compte d’exploitation, identification fiscale de l’activité agricole (régimes micro-BA, réel).
  • Management et encadrement : organisation des équipes (salariés, saisonniers), règlementation sociale, SST (Santé Sécurité au Travail).
  • Commercialisation : marketing du vin, prospection de nouveaux marchés, négociation, e-commerce, accueil à la propriété. D’après FranceAgriMer, 58% des nouveaux installés en 2022 ayant suivi un BP REA viticulture consacrent au moins 25% de leur temps à la vente directe ou à la communication digitale.

Expérience de terrain et ouverture sur la filière

L’originalité du BP REA, c’est la part essentielle de mise en situation professionnelle :

  • Périodes en entreprise (stage ou contrat pro) : immersion chez des vignerons, caves coopératives, pépinières viticoles, domaines en bio, etc.
  • Rencontres avec des professionnels : conférences d’œnologues, visites techniques, participation à des salons régionaux.
  • Réalisation d’un projet individuel : chaque apprenant doit généralement conduire un projet entrepreneurial – par exemple, une étude sur la diversification en agroforesterie, ou une simulation d’implantation d’un chai éco-conçu.

La passerelle constante avec la réalité de la filière permet à chacun de découvrir non seulement la technique mais aussi la diversité des profils qui existent dans le monde de la vigne : du responsable de chai au consultant en agroéquipement, du chef d’exploitation à l’animateur de coopérative, la palette est large et les compétences transférables dans de nombreux contextes.

Quelques chiffres et débouchés à connaître

En 2023, on compte 85 centres délivrant le BP REA spécialisation viticulture en France (source : Ministère de l’Agriculture) : lycées agricoles, Maisons Familiales Rurales, CFA, établissements privés... Les promotions rassemblent souvent 14 à 20 étudiants, favorisant l’accompagnement individualisé et le travail de groupe – point déterminant pour la qualité de la formation.

  • Taux d’insertion professionnelle direct : 69% des diplômés trouvent un emploi salarié qualifié ou s’installent dans les 12 mois (source : DRAAF Nouvelle Aquitaine, Enquête 2022).
  • Pourcentage de femmes diplômées : 32% en 2021-2022, chiffre en constante progression.
  • Principaux débouchés :
    • Chef d’exploitation viticole (installation ou reprise)
    • Salarie viticole hautement qualifié
    • Ōuvrier polyvalent (avec perspectives d’évolution)
    • Collaborateur sur exploitation familiale
    • Conseiller de gestion ou technicien dans la filière

Il est aussi reconnu pour donner le droit à la capacité professionnelle agricole, indispensable pour demander la DJA ou accéder à certains financements européens (FEADER).

Des profils variés, un tremplin pour l’évolution professionnelle

L’un des grands atouts du BP REA est de s’adresser à tous les âges et tous parcours : jeunes en reconversion diplômés d’un BTS, personnes en VAE riche d’années de salariat, néo-vigneron.ne.s en quête de légitimité technique. Cette diversité nourrit une dynamique de promotion et d’entraide bénéfiques à chacun.

Certains établissements encouragent même l’ouverture à l’international : échanges Erasmus+ pour des stages en Espagne, Italie ou Portugal, séjours linguistiques en lien avec la commercialisation du vin à l’export, visites de salons internationaux. Preuve que la viticulture française, formatrice et exportatrice, continue d’inspirer hors de ses frontières (source : AgriSup Dijon, rapport annuel 2023).

Le BP REA Viticulture face aux grands défis de demain

En filigrane, ce diplôme s’inscrit dans une volonté d’adaptation continue du secteur :

  • Lutte contre le stress hydrique par de nouveaux itinéraires techniques
  • Recherche de cépages résistants et acceptés par l’INAO
  • Refonte des modèles de commercialisation (essor de la vente directe, digitalisation des caveaux, tourisme œnotouristique…)
  • Diversification (oléo-viticulture, accueil agrotouristique, etc.)

La capacité d’anticipation et la curiosité professionnelle, valeurs centrales du BP REA, font émerger une génération de viticulteurs connectés, proches de leur territoire et ouverts aux enjeux mondiaux.

Perspectives et ressources pour aller plus loin

Retrouver l’ensemble des informations officielles sur :

L’avenir de la filière viticole française s’écrit jour après jour, au cœur des exploitations et des centres de formation. Pour qui rêve de contribuer activement à cette mutation, le BP REA spécialisation viticulture demeure une porte d’entrée résolument actuelle, exigeante, mais profondément enrichissante.

Pour aller plus loin