Intégrer un BTS Viticulture-Œnologie : Mode d’emploi, contenus et carrières dans la filière vin

Pourquoi s’orienter vers un BTS Viticulture-Œnologie ?

Le secteur vitivinicole représente une force économique majeure en France, pesant plus de 11 milliards d’euros d’exportations selon FranceAgriMer en 2022, et faisant vivre près de 500 000 personnes. Face à des enjeux de durabilité, de qualité, mais aussi d’internationalisation croissante, les acteurs recherchent des profils qualifiés, aussi bien en production qu’en transformation du raisin. Le BTS Viticulture-Œnologie, diplôme de niveau 5 reconnu par l’État, s’impose comme un passeport pour qui souhaite s’investir dans les multiples facettes du métier, du sol à la bouteille.

Accès au BTS Viticulture-Œnologie : conditions et voies d’admission

L’intégration en BTS VO s’articule autour de plusieurs profils et conditions. Ce BTS se prépare généralement en deux ans, dans un lycée agricole, un CFA (Centre de formation d’apprentis), voire certains établissements privés ou à distance.

Qui peut candidater ?

  • Baccalauréat général : avec une préférence pour les spécialités scientifiques (biologie-écologie, physique-chimie, mathématiques), ce profil est adapté à la technicité du diplôme.
  • Baccalauréat technologique, série STAV (sciences et technologies de l’agronomie et du vivant) : la voie la plus courante, appréciée pour la culture agronomique déjà acquise. En 2023, 47 % des admis au BTS VO avaient ce bac (source : Onisep).
  • Baccalauréat professionnel : en conduite et gestion de l’exploitation agricole, ou en vigne et vin. Les titulaires viennent souvent de sections agricoles locales liées aux bassins de production.
  • Autres profils : parfois, des adultes en reconversion peuvent présenter un dossier, après une validation des acquis (VAE ou Dossier de validation).

Procédures et conseils de sélection

  • Parcoursup : la majorité des candidatures se fait via Parcoursup, avec un dossier à soumettre et, dans certains cas, un entretien de motivation. L’atout ? Mettre en avant des expériences (stages, vacances viticoles, découverte du domaine).
  • Contrat d’apprentissage : de plus en plus plébiscité, ce mode d’alternance combine temps en entreprise et à l’école (approximativement 50%-50%), forgant un profil opérationnel dès la sortie. En 2022, plus de 60 % des étudiants étaient en alternance selon L’Etudiant Pro.
  • Formation continue : possible pour les adultes salariés ou demandeurs d’emploi via un financement par des dispositifs comme le CPF ou les OPCA du secteur agricole.

Le contenu du BTS Viticulture-Œnologie : un tronc commun entre terrain et laboratoire

Le BTS est pensé pour offrir une polyvalence : gestion technique de la parcelle, conduite du chai, contrôle de la qualité et débouchés commerciaux. La formation s’appuie sur un équilibre entre enseignement général (économie, droit, communication) et enseignement professionnel (viticulture, œnologie, gestion, travaux pratiques).

Enseignements majeurs

  • Viticulture : biologie, physiologie de la vigne, choix des porte-greffes, protection phytosanitaire, développement durable (plus de 250 heures sur 2 ans).
  • Œnologie : microbiologie appliquée, biochimie du vin, méthodes de vinification, analyses en laboratoire.
  • Gestion et économie d’exploitation : pilotage de l’entreprise, coût de revient, conformité réglementaire (ICPE, qualité, sécurité alimentaire).
  • Pratiques professionnelles : au moins 12 à 16 semaines de stage pour les formations scolaires, souvent davantage en alternance.
  • Modules transversaux : agronomie, langues vivantes (souvent anglais technique), communication pour la vente directe ou l’œnotourisme.

À noter : la pédagogie de terrain

Un point distinctif du BTS VO réside dans son ancrage local : la proximité avec des domaines partenaires, les visites de laboratoires, caves coopératives, stations INRAE. Beaucoup d’établissements proposent en sus une participation à des concours de taille, de dégustation, ou d’innovation (ex : Junior ENO Cup).

Les compétences acquises, un tremplin vers l’emploi ou la poursuite d’études

Compétences techniques et transversales

  • Diagnostic agronomique : capacité à analyser un terroir, adapter la conduite, mettre en œuvre une protection raisonnée ou biologique.
  • Maîtrise des vinifications : tenir une cave au quotidien, ajuster les paramètres, interpréter les analyses, assurer la traçabilité des lots.
  • Responsabilité et autonomie : superviser des équipes, planifier des travaux, assurer la veille réglementaire (labels HVE, Bio...).
  • Communication et relation client : de l’accueil à la dégustation, clés pour ceux qui se destinent à la vente au domaine ou à l’œnotourisme.

La polyvalence de ce diplôme est saluée par les recruteurs, car elle répond à la transition écologique et numérique que traverse la filière (traçabilité, outils connectés, montée du bio ou du sans sulfites). Selon Agreste (2023), près de 30 % des exploitations se sont engagées dans au moins une démarche agroenvironnementale.

Quels débouchés après le BTS Viticulture-Œnologie ?

Emplois accessibles dès l’obtention du diplôme

  • Chef de culture ou technicien viticole : gestion technique du vignoble, choix des traitements, management des saisonniers.
  • Maître de chai ou technicien de cave : suivi des vinifications, contrôle de maturité, organisation des soutirages, assemblages.
  • Conseiller viticole ou œnologique : appui technique auprès de vignerons, coopératives, entreprises de conseil (négoces, laboratoires).
  • Commercial en vins, caviste, animateur en œnotourisme : vente directe, animation de dégustations, développement de l’activité touristique (en progression de 15 % par an selon Atout France).

Selon l’enquête d’insertion du Ministère de l’Agriculture (2020), près de 70 % des titulaires d’un BTS VO trouvent un emploi dans les six mois. Le secteur souffre parfois d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, notamment pour les postes à responsabilités en cave ou au vignoble, d’autant que le renouvellement des générations est un enjeu (âge moyen des chefs d’exploitation : 51 ans en 2022, source Agreste).

Poursuite d’études : des passerelles très ouvertes

Le BTS Viticulture-Œnologie s’ouvre sur toute une palette de formations complémentaires, prisées pour la spécialisation ou l’élargissement de compétences.

  • Licence professionnelle : en agronomie, gestion de domaine, commerce des vins ou technique de laboratoire. Les Licences Pro « Commerce international des vins », « Viticulture durable » ou « Production végétale » sont très demandées.
  • Diplôme national d’œnologue (DNO) : via une admission parallèle en L2 voire L3, avec sélection sur dossier et épreuves. Le DNO reste le graal pour devenir œnologue officiel (protégé par la loi du 10 septembre 1955).
  • Classes préparatoires ATS "bio" : pour viser les écoles d’ingénieurs agronomiques (AgroSup, Bordeaux Sciences Agro...).
  • Certificats et spécialisations : Certificat de Spécialisation (CS) Tracteurs et machinisme, gestion de chai, viticulture biologique, etc.

Point notable : à l’export, beaucoup de diplômés optent pour des expériences à l’étranger (vintage en Australie, wine tours en Nouvelle-Zélande, Consulting en Espagne ou Italie) afin d’enrichir leur CV et maîtriser les attentes internationales.

Les évolutions et perspectives dans la filière vin

Une demande accrue de profils innovants et durables

La filière viticole fait face aux défis du changement climatique, de la raréfaction de la main-d’œuvre saisonnière, et de la montée en puissance de la certification environnementale, comme le HVE (Haute Valeur Environnementale) ou l’agriculture biologique. Les exploitations attendent de nouveaux diplômés qu’ils soient à la fois techniciens et adaptables, capables d’insuffler une dynamique de transition.

  • Robotique et numérique en viticulture : utilisation de drones pour la cartographie du vignoble, pilotage de la pulvérisation, outils connectés sur les tracteurs.
  • Approche agroécologique : maîtrise des couverts végétaux, de la biodiversité, lutte intégrée, réduction des intrants.
  • Valorisation commerciale innovante : vente en circuit court, marketing digital, vin nature ou sans sulfites, développement de gammes bio.

D’après le Livre Blanc de l’Association Nationale des Techniciens Viticoles (ANTV), les attentes en « soft skills » augmentent : autonomie, organisation d’équipe, créativité, capacité à travailler en réseau sont de plus en plus décisives lors de l’embauche.

Pour choisir et réussir son BTS Viticulture-Œnologie

  • Se renseigner sur les établissements : Certains lycées agricoles ont des domaines pédagogiques permettant un accès à une vigne-école et à un chai (ex : Lycée Viticole de Montagne Saint-Émilion, Montpellier, Beaune, etc.).
  • Valoriser les expériences : Même des jobs d’été ou des stages courts dans le vignoble, la cave ou la vente jouent en faveur du dossier.
  • Explorer l’alternance : L’apprentissage reste la clé pour ceux qui veulent un emploi rapide et une rémunération pendant le cursus : près d’un apprenti sur deux se fait embaucher sur son terrain d’apprentissage (Source : Ministère du Travail).
  • Anticiper la mobilité : Le secteur est très régionalisé : Bordeaux et la Nouvelle-Aquitaine regroupent près de 25 % de l’offre de formation et d’emplois du pays (Source : Onisep). Mais il existe des opportunités dans chaque bassin viticole, voire à l’international.

Un atout dans un secteur d’avenir

Le BTS Viticulture-Œnologie se distingue autant par son contenu technique que par les multiples portes qu’il ouvre dans le vignoble. Il forme des professionnels recherchés, capables d’innover et de s’adapter dans une filière en pleine mutation, entre tradition et modernité. Que ce soit pour s’installer, évoluer au sein d’une exploitation, viser une spécialisation ou tenter l’aventure à l’étranger, il incarne le choix de la polyvalence, avec des débouchés réels et des perspectives stimulantes à moyen terme. Pour celles et ceux animés par la passion du vin, la curiosité du vivant et le goût de la terre, il peut transformer une passion en métier.

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