Un territoire longiligne, une diversité de cépages
Le vignoble rhodanien s’étire sur plus de 200 km le long du Rhône, couvrant environ 80 000 hectares et traversant 6 départements. On distingue deux grandes entités géographiques et culturelles : le Rhône septentrional (au nord de Valence) et le Rhône méridional. Cette organisation explique en grande partie les différences de raisins cultivés, et de styles de vins produits.
Rhône septentrional : la Syrah, inflexible reine
- La Syrah : Cépage rouge phare du nord de la vallée, elle couvre la quasi-totalité des vignes en rouges (plus de 4 000 ha). On la retrouve, souvent seule, dans des appellations comme Côte-Rôtie, Saint-Joseph, Cornas, et Hermitage (source : Inter Rhône). Sa peau épaisse, sa maturité tardive, sa résistance au climat continental — parfois rude, expliquent son implantation historique. Les vins issus de la Syrah au nord sont fins, épicés, révélant des arômes de violette, poivre noir, fruits noirs et parfois olive noire en vieillissant. Elle tolère ici une touche de Viognier (blanc) dans certaines cuvées Côte-Rôtie, conférant élégance et complexité.
- Quelques traces de cépages historiques : Sur de rares parcelles survivent des plants de Serine, vieille variété locale apparentée à la Syrah, produisant des grappes plus petites et des vins encore plus aromatiques. Elle tend à disparaître au profit des clones modernes de Syrah, plus productifs.
Rhône méridional : grenache et mosaïque de cépages
- Le Grenache noir : Originaire d’Espagne, il s’est imposé comme maître du sud (60% des assemblages rouges du Rhône Sud selon l’INAO), pour son adaptation exceptionnelle à la sécheresse, au mistral et au sol caillouteux. Il donne des vins puissants, gourmands, sur le fruit mûr, la prune, la cerise noire, et une touche de garrigue. Il entre principalement dans l’assemblage de Châteauneuf-du-Pape, Gigondas, Vacqueyras, mais aussi dans Côtes-du-Rhône. Sur des vieilles vignes (parfois centenaires, comme à Tavel ou Châteauneuf-du-Pape), il confère profondeur et complexité.
- Mourvèdre : Cépage tardif, exigeant chaleur et lumière. Il donne structure, tanins et potentiel de garde aux vins. Reconnaissable à ses notes d’épices, de cuir, de fruits noirs, il est essentiel dans les assemblages de nombreux crus (Bandol hors Rhône, mais aussi Lirac, Vinsobres).
- Carignan noir : Ancien cépage du sud, il fut longtemps le pilier des vins de masse, mais bien travaillé (vieilles vignes, faibles rendements) offrira des vins aux arômes de réglisse, fruits rouges, épices. Il subsiste surtout dans les Côtes-du-Rhône Villages.
- Cinsault : Cépage méditerranéen à la chair juteuse, peu tannique, il amène fraîcheur et souplesse aux assemblages. On le retrouve dans les rosés du Rhône et dans de nombreuses cuvées rouges en appoint.
- Vaccarèse, Counoise, Terret noir, Muscardin : Ce sont de vieux cépages autochtones, encore autorisés dans l’AOC Châteauneuf-du-Pape (qui tolère jusqu’à 13 cépages à l’assemblage) mais très rares (moins de 3% du vignoble). Leur intérêt réside dans leur capacité à apporter diversité aromatique, fraîcheur et adaptation climatique (source : www.vins-rhone.com).