Tour d’horizon de quelques cépages rouges oubliés
Trousseau : le secret du Jura
Peu connu hors des frontières jurassiennes, le Trousseau fait partie des principales variétés de cette région. Pourtant, sa surface n’atteint aujourd’hui que 200 hectares en France, alors qu'il en couvrait plus de 2 500 au XIXe siècle (source : Vitis International Variety Catalogue). Séduisant par sa robe intense et ses notes épicées de fruits rouges, il reprend de la vigueur grâce à l’intérêt croissant pour les vins légers et de caractère. À noter : il s’adapte parfaitement aux climats frais à modérés, offrant une bonne résistance à la sécheresse.
Pineau d’Aunis : la Loire singulière
Natif du Val de Loire, le Pineau d’Aunis occupait jadis plus de 5 000 hectares en France au siècle dernier, contre 415 hectares aujourd’hui (source : FranceAgriMer, 2022). Sa réputation, ternie au XXe siècle, se reconstruit autour de ses qualités épicées et poivrées, très recherchées sur les cuvées de caractère. Il démontre une forte capacité de résilience dans les terroirs venteux et peu fertiles.
Fer Servadou (ou Braucol) : le rouge du Sud-Ouest
Cultivé en Aveyron, Gaillac, Marcillac ou Madiran, le Fer Servadou totalise moins de 1 200 hectares. Il offre des arômes uniques de réglisse, de fruits noirs, voire de cuir. Son nom “fer” viendrait de la solidité de ses rameaux, utiles pour résister aux vents d’Autan. Avec la redécouverte des vins typés Sud-Ouest, il revient doucement sur le devant de la scène.
Persan : un retour entre Savoie et piémont rhodanien
Longtemps oublié, ce cépage revient en Savoie, où il frôlait l’extinction, et en Isère. Au XIXe siècle, les surfaces atteignaient près de 1 000 hectares ; aujourd’hui, elles peinent à dépasser vingt. Les vins issus de Persan dévoilent fraîcheur, belle acidité, épices douces et fruits rouges. Son nom proviendrait de “personne”, en référence à la difficulté de le reconnaître parmi les autres cépages.
Romorantin : l'expression ligérienne atypique
Si le Romorantin est aujourd'hui principalement blanc, certaines micro-vinifications montrent le potentiel de mutations rouges ou rosées oubliées, héritage d’une diversité génétique passée (source : Vignerons indépendants du Loir-et-Cher). L’étude de ces mutations révèle toute la complexité de la conservation de la mémoire viticole.
Mondeuse noire : l'atout savoyard
Emblème de la Savoie, la Mondeuse noire a bien failli disparaître au XXe siècle lors de la crise du phylloxera. Aujourd’hui préservée sur un peu plus de 300 hectares, elle plaît par sa vivacité, ses notes de violette et de poivre noir. Elle supporte bien l’altitude et apporte structure et longévité au vin.
Autres cépages à suivre de près
- Abouriou : Cépage du Lot-et-Garonne, robuste et colorant, résistant à de nombreuses maladies.
- Téoulier : Ancienne variété provençale adaptée aux conditions arides, rare mais en réintroduction.
- Prunelard : Ancêtre du Malbec, il séduit grâce à sa finesse et ses notes de fruits compotés dans le Tarn.
- Altesse noire : Variété savoyarde rare, vinifiant des rouges subtils, autrefois très présente dans les vallées alpines.