New Holland T4.120V : Un tracteur taillé pour la vigne ?

Pourquoi le choix du tracteur viticole reste stratégique en 2024

La mécanisation de la vigne soulève toujours la même question chez les viticulteurs : comment conjuguer efficacité, adaptabilité et rentabilité dans les parcelles souvent étroites et à la configuration complexe ? Avec ses lignes dédiées Vignoble, New Holland s'impose depuis longtemps sur les exploitations françaises (Source : Terre-net). Mais en 2024, face à la transition agroécologique et aux attentes de modernisation, le modèle T4.120V révise-t-il vraiment la copie ?

Caractéristiques techniques du New Holland T4.120V : Sur le papier, un atout ?

  • Moteur : FPT F5C, 4 cylindres, 3,4 L, 117 ch à 2 300 tr/min (New Holland).
  • Transmission : 16x16 Power Shuttle, ou version AutoShift avec gestion automatisée.
  • Dimensions : Largeur min. hors tout : 1,06 m / Empattement : 2,18 m.
  • Poids : Environ 3 300 kg.
  • Pont avant SuperSteer™ : Rayon de braquage à 3,4 m.
  • Hydraulique : 84 L/min, jusqu’à 5 distributeurs.

Le T4.120V se distingue par une série de paramètres qui retiennent particulièrement l’attention en vignes étroites : un gabarit qui descend à 1,06 m de large permet d’intervenir dans tous les types de vignes palissées, qu’elles soient conventionnelles (<1,5 m) ou en haute densité (jusqu’à 1 m).

Une maniabilité et une visibilité taillées pour les vignerons

Le pont avant SuperSteer™, emblématique de New Holland, offre un rayon de braquage de 3,4 mètres. Sur le terrain, cela signifie moins de manœuvres en bout de rang, donc un gain de temps et une réduction du tassement du sol, particulièrement problématique dans les terroirs sensibles à l’érosion. Les cabines VisionView™ sont elles aussi appréciées pour leur hauteur réduite (2,43 m), ce qui autorise le passage sous la plupart des palissages et dans les chais à faible portail.

Hydraulique et polyvalence : les outils en ligne de mire

Avec 84 L/min dédiés à l’hydraulique et la possibilité de coupler jusqu’à cinq distributeurs auxiliaires, le T4.120V se veut compatible avec l’ensemble des applications viti-agricoles : pulvérisation, épandage localisé, travail du sol avec interceps, machines de récolte traînées, etc. Il supporte sans faiblir les innovations comme les tracteurs interlignes ou les robots d’assistance via ISOBUS.

  • Attelage arrière catégorie II
  • Charge maximale : 2 600 kg à la rotule
  • Inverseur de marche Power Shuttle, essentiel pour les demi-tours rapides

Cette puissance hydraulique est un atout important face à des machines embarquées de plus en plus gourmandes en énergie et en connectivité.

Confort d’utilisation : quelles avancées sur le T4.120V ?

L’ergonomie fait souvent la différence dans la durée. La climatisation automatique, la cabine Category 4 Protection (certifiée pour réduire l’inhalation des produits phytosanitaires selon la norme EN 15695-1), et les multiples commandes regroupées sur l’accoudoir, facilitent la conduite sur de longues journées. Selon Machinisme Actualités, la cabine du T4.120V est reconnue parmi les plus silencieuses de sa catégorie (74 dB en régime de travail).

Une motorisation Stage V qui répond aux enjeux environnementaux

Les nouvelles normes européennes sur les émissions polluantes sont de plus en plus strictes pour les tracteurs agricoles. Le moteur FPT du T4.120V répond au standard Stage V sans AdBlue, un avantage pour les structures de taille moyenne qui veulent éviter la gestion supplémentaire de ce fluide. Le système de post-traitement Compact HI-eSCR2, sans entretien courant, limite les arrêts en cours de saison.

  • Réduction des NOx et particules fines : conformité totale avec les parcelles en HVE ou en conversion bio.
  • Consommation moyenne : 6 à 8 L/heure selon l’outil et le relief (WikiAgri).

Des chiffres-clés pour éclairer le choix des viticulteurs

  • Six tracteurs viticoles sur dix en France sont aujourd’hui des "spécialisés" (FranceAgriMer). New Holland revendique, selon ses propres données, près de 30 % de parts de marché sur ce segment.
  • Prix du T4.120V neuf : entre 73 000 et 90 000 €, selon options.
  • Budget d’entretien annuel estimé : 1 200 à 2 000 € sur les trois premières années (pièces, révisions – source concessionnaire New Holland).
  • Durée de vie moyenne observée sur exploitation bien entretenue : 7 000 à 10 000 heures avant intervention lourde.

À qui s’adresse vraiment le T4.120V ? Focus sur les profils d’exploitation

Tous les viticulteurs ne trouveront pas le même intérêt dans un T4.120V. Il répond principalement aux besoins suivants :

  • Exploitations de 10 à 70 ha de vignes, palissage étroit ou densité élevée ;
  • Vignerons souhaitant travailler seuls tout en optimisant leur temps ;
  • Coopératives ou domaines misant sur la mécanisation mais exigeant un gabarit ultra-compact ;
  • Exploitations en zones pentues : son centre de gravité assez bas et ses nombreuses options de lestage limitent le risque de renversement ;
  • Viticulture raisonnée et bio : passage facilité dans les rangs, émission limitée, réduction des tassements.

En revanche, pour les domaines dépassant 100 ha, un T4.120V complète idéalement un parc de tracteurs articulés plus puissants, mais ne peut assurer seul toutes les tâches.

Des limites à connaître avant de s’équiper

  • Largeur minimale imposée par les roues jumelées : Si le maintien du gabarit étroit est crucial, l’usage de jumelages pour le travail du sol profond ou la pente peut amener la largeur effective à dépasser 1,15 m.
  • Sensibilité à la charge arrière : Outils très lourds ou déportés déstabilisent parfois le tracteur, rendant nécessaire un lestage soigneux.
  • Systèmes électroniques avancés : Leur fiabilité dépend fortement des bonnes pratiques de maintenance et de formation du personnel.
  • Options coûteuses : L’ISOBUS ou l’AutoShift apportent des gains techniques, mais alourdissent la facture initiale.

Expériences d’utilisateurs : ce qu’en disent les vignerons

De nombreux retours de terrain relèvent la polyvalence et le confort. Sur le forum Matériel-Agricole.info, des vignerons du Bordelais et de la vallée du Rhône saluent la réactivité hydraulique et la robustesse mécanique du T4.120V, tant en conditions humides qu’en plein été. Toutefois, certains relèvent un coût d’entretien électronique supérieur à d’anciens modèles purement mécaniques, ce qui se vérifie principalement en dehors du réseau de concessionnaires officiels.

Perspectives d'évolutions : où se situe le T4.120V face aux alternatives ?

Le T4.120V n’est pas seul sur le marché : ses principaux concurrents sont le Fendt 200 Vario V (plus abouti en transmission à variation continue) et le Deutz-Fahr 5DF (polyvalence, prix plus abordable). Mais New Holland a su démocratiser la spécialisation vignes avec son accès à un réseau dense d’ateliers et de pièces détachées, rassurant pour limiter les immobilisations en pleine campagne.

  • Largeur minimale supérieure à certains “ultra-étroits” mais meilleur confort cabine.
  • Pas de transmission à variation continue (CVT) : préférence pour la simplicité mécanique ?
  • Possibilité de configurations sur-mesure.

Le positionnement du T4.120V reste celui d'un tracteur premium de niche, mais dimensionné pour répondre à la plupart des exigences techniques d’une exploitation viticole moderne.

Quelle trajectoire pour la mécanisation de la vigne ?

Le T4.120V illustre la tendance de fond : les tracteurs dédiés à la viticulture tendent à se sophistiquer sans perdre leur compacité ni leur robustesse. L’arrivée massive de technologies connectées pose le défi de la formation, mais ouvre aussi la voie à la gestion de précision et à la réduction de l’empreinte écologique. Pour les vignerons français en quête d’un allié fiable et évolutif pour les prochaines années, le T4.120V s’impose parmi les références incontournables du marché, à condition d’ajuster sa configuration à ses besoins réels.

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