Des conditions météo déterminantes pour la santé de la vigne
Depuis la fin du XIXe siècle, avec l’arrivée du phylloxéra et des grandes crises fongiques, les vignerons ont dû apprendre à lire le ciel pour anticiper les menaces. Aujourd’hui, l’impact du changement climatique rend cette lecture plus pressante que jamais. Mais quels sont réellement les mécanismes par lesquels la météo influence les maladies de la vigne ?
L’humidité et la température : moteurs du risque parasitaire
La majorité des maladies affectant la vigne – mildiou, oïdium, botrytis – sont étroitement liées à l’humidité sous ses différentes formes.
- Mildiou (Plasmopara viticola) : ce champignon "d’eau" affectionne les printemps et étés pluvieux et doux. Dès que la température dépasse 11°C en présence de pluie (plus de 10 mm sur 24h), la germination des spores est favorisée. Un pic de risques a été observé en Champagne en 2016 avec des précipitations cumulées de 411 mm entre avril et juin (source : IFV, Institut Français de la Vigne et du Vin).
- Oïdium (Erysiphe necator) : à l’inverse, l’oïdium préfère l’humidité de l’air mais déteste la pluie directe qui lessive ses spores. Il s’installe entre 10 et 30°C. En 2003, la canicule a paradoxalement favorisé l’oïdium dans de nombreuses régions à cause de l'alternance nuits fraîches/journées brûlantes (source : INRAE).
- Botrytis (Botrytis cinerea, "pourriture grise") : il prospère sur une alternance humide/séchant typique des périodes prévendange, provoquant des pertes évaluées à 15-30% lors des années humides selon le CIVC (Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne).
En résumé, l’humidité, qu’elle soit apportée par la brume matinale, la pluie, ou la rosée nocturne, joue un rôle d’accélérateur ou d’inhibiteur des germinations et infections fongiques. Les études du réseau national d'épidémiosurveillance montrent que des périodes humides de 48 à 72h suffisent pour enclencher des cycles infectieux intenses.
Le vent et la sécheresse : des alliés parfois ambivalents
- Le vent accélère le dessèchement de la végétation, réduisant le temps de séjour de l’humidité sur les feuilles, freinant ainsi l'installation du mildiou ou du botrytis. Cependant, il peut transporter les spores sur de longues distances : lors du printemps 2021, un épisode de vents d’ouest a véhiculé du mildiou jusque dans l’Hérault initialement indemne (IFV Occitanie).
- La sécheresse limite certaines maladies mais fragilise la vigne (stress hydrique) et la rend plus sensible à des affections comme l’ESCA ou les maladies du bois, dont l’incidence progresse de 4 à 6% par an en France (source : FranceAgriMer).