Cinsault : retour sur terre et dans le verre
Le retour du Cinsault dans le paysage viticole français
C’est le Languedoc qui amorce la tendance au début des années 2010. Les statistiques du CIVL (Conseil Interprofessionnel des Vins du Languedoc) révèlent un frémissement des plantations depuis 2015, marquant la fin de sa longue “disgrâce”. D’autres régions, comme le Rhône Sud, suivent avec des initiatives de replantation.
Le phénomène ne se limite pas à la France. En Afrique du Sud – où le Cinsault (ex “Hermitage”) fut longtemps utilisé dans l’assemblage du célèbre Pinotage – il connaît aussi un vrai retour, particulièrement dans le Swartland. Même tendance remarquée dans les vignobles australiens ou ceux du Levant espagnol, selon le rapport mondial de l’OIV (2021).
Chiffres et évolutions récentes
- En 2018, 23 450 hectares de Cinsault recensaient officiellement dans le monde (OIV).
- La moitié de ces surfaces reste située en France, essentiellement dans le Languedoc et la Provence.
- En dix ans, les importations de vins où le Cinsault domine ont progressé de 18% aux États-Unis et de 13% au Royaume-Uni (Wine Intelligence, 2022).
Dans les caves : styles et profils en plein renouveau
Si jadis, le Cinsault servait surtout aux rosés de toutes gammes, aujourd’hui sa versatilité séduit :
- Vins rouges peu tanniques et d’une grande buvabilité (souvent élevés en cuve ou en amphore)
- Assemblages raffinés (notamment avec syrah, grenache et mourvèdre, dans l’esprit des AOP du Sud)
- Vins rosés frais, délicatement fruités, à la structure légère (Côtes de Provence, Languedoc, Bandol au côté du mourvèdre)
- Expérimentations en vin nature et vieillissement prolongé en fût ou œuf béton
Certains vignerons iconoclastes, tels que Maxime Magnon (Corbières), Marcel Richaud (Cairanne), ou le domaine Tempier à Bandol, en ont fait un étendard de leur style “nouvelle vague”. Le Cinsault est même apprécié pour sa contribution aromatique et sa touche florale dans des cuvées haut de gamme.