Cette réaction des forces de l'ordre participe à une soirée étrange. Les manifestants n'étaient pas si nombreux (environ 80), le motif de leur mouvement n'est pas animé d'une colère énorme, et répondait à l'appel national de la FNSEA (1). Ils réclamaient le droit à entretenir les cours d'eau pour éviter les inondations à répétition, et protestaient globalement, contre les contraintes environnementales et les contrôles.
Les agriculteurs patientaient donc dans le calme devant des CRS et leurs véhicules qui bloquaient la rue de la sous-préfecture. Certains manifestants provoquaient les forces de l'ordre en leur jetant quelques projectiles. Deux canons à corbeaux (à gaz) contribuaient à instaurer une certaine tension. Les syndicalistes ont entrepris de déverser deux bennes de déchets agricoles devant les CRS, déclenchant le tir de lacrymogènes. Le responsable des forces de l'ordre dira que la benne était à un mètre, menaçant ses hommes. La vidéo montre que les tirs se sont produits après le retrait de la première benne... Cela indique surtout, tout comme le dispositif mis en place par le préfet Philippe Vignes(2), que la tension est forte entre les deux parties. Dans l'histoire récente des manifestations agricoles à Château-Gontier, une telle réponse des forces de l'ordre ne s'était jamais vue. A Mayenne, lieu de la seconde manifestation mayennaise, la ville était bouclée empêchant les tracteurs d'entrer. Et en prévention, les forces de l'ordre étaient aussi déployées à Laval.
Une charte des contrôles ?
A Château-Gontier, la FDSEA-JA a demandé et obtenu une entrevue à la sous-préfète (après l'épisode des lacrymogènes). Parmi leurs doléances, les syndicalistes réclament l'instauration d'une charte entre les OPA et les contrôleurs de terrain de l'Onema. Ils ont aussi abordé la directive Nitrates et la question de Géoportail [lire la semaine dernière]. “Bien reçus”, ils se sont dispersés assez vite ensuite.
Interrogé au sujet de la charte, le DDT de la Mayenne Alain Priol se dit favorable “à la pédagogie sur les contrôles” et propose de mettre en place “une journée Contrôle sans stress”. “Cela avait été fait pour la Pac, et nous le réclamons depuis longtemps pour l'environnement” insiste Florence Désillière, la présidente de la chambre d'Agriculture. Administration et profession agricole trouveront peut-être là un terrain d'entente ?
Rémi Hagel
(1) Une action a été menée en Maine-et-Loire le 12 février (voir la semaine dernière)
(2) Le Préfet s’en explique lire ici.