En 2007, Christelle Dauphin a choisi de se reconvertir en agriculture, à 39 ans et après vingt ans de commerce derrière elle. "Je me suis installée sur 32 ha en vaches allaitantes Naisseur. Des années très compliquées pour la vache allaitante, avec la FCO, etc." Deux ans après, les difficultés commencent. Elle surnage. Jusqu’au couperet. "Du jour au lendemain, sans relances préalables, ma banque a fermé les vannes et m’a donné deux jours pour rembourser 50 000 euros. J’étais démunie. Toute seule, au milieu du champ."
C’est à ce moment-là qu’elle fait appel à Solidarité paysans. Non issue du milieu agricole, avec trois enfants à élever seule, Christelle se livre. Des bénévoles la guident pour réorienter son système. En 2010, l’exploitation est convertie en bio, et s’étend désormais sur 82 hectares, où elle développe la vente directe de volailles. "Je m’éclatais."
Sept ans de réfection
Au bout de sept ans d’efforts, l’éleveuse a sorti la tête de l’eau et arrive au terme de ses échéances. Au point d’arrêter le soutien de Solidarité paysans 53. Elle-même est entrée au conseil d’administration de l’association, en 2011-2012. Pour redonner ce qu’elle avait reçu. "Je mets plus l’accent sur l’accompagnement auprès des familles plutôt pour l’aspect psychologique et social des choses [il y a toujours deux référents par famille, un plus technique et économique, l’autre avec une approche plus globale, plus personnelle, expliquent les coprésidents]."
En 2017, sa situation s’est si bien améliorée qu’elle demande à l’un de ses bailleurs l’autorisation de réaliser un semi-terrassement, pour pouvoir s’agrandir. "Mon activité marchait bien…" C’est à partir de là que le lien se rompt. Elle sera finalement convoquée au tribunal pour "non-entretien de terres et sous-location".
Une nouvelle épreuve commence. Elle perd face à ses deux propriétaires…
L’élevage sans relâche
Les terres sont désormais exploitées par d’anciens voisins, en agrandissement. "Emile doit se retourner dans sa tombe…" glisse-t-elle, évoquant celui qui, le premier, lui avait mis à disposition ses terres à La Bazouge-des-Alleux : Emile Petit, ancien représentant syndical de la Coordination rurale, qui avait converti son exploitation en bio dès la fin des années soixante, avec de larges haies. Ces surfaces sont repassées en conventionnel.
Après deux ans de procédure, Christelle Dauphin est passée en liquidation judiciaire. Pas de quoi ébranler sa volonté de continuer l’élevage. A 52 ans, elle est aujourd’hui salariée dans un élevage de porcs bio, à Sacé. Un emploi trouvé lorsque son projet personnel s’est effondré. Elle a rebondi grâce à son patron, qui l’a soutenue pour relancer une nouvelle activité. "Aujourd’hui, je m’éclate ! J’ai pu remonter un atelier de volailles en vente directe."