Publié le
Jeudi 5 novembre 2020

Nouveau confinement : la vente directe en profite (un peu)

Les drive fermiers de Mayenne et Maine-et-Loire ont connu une hausse sensible de commande de 50 à 100/%, par rapport à la...
Les drive fermiers de Mayenne et Maine-et-Loire ont connu une hausse sensible de commande de 50 à 100/%, par rapport à la semaine passée. (photo d'archives)

Les premiers jours de ce nouveau confinement semblent avoir plutôt profité aux producteurs qui vendent en circuit court. Mais les produits festifs pourraient bien être lourdement impactés par le manque de visibilité et la fermeture des marchés de Noël.

Sans surprise, François Cornuault a dû réapprovisionner les magasins à qui il livre ses pâtes alimentaires la semaine dernière. "Chaque fois qu'il y a une annonce de confinement, les gens se précipitent pour acheter des produits secs" sourit le producteur bio de Jarzé-Villages (Maine-et-Loire). Pour lui, c'est une hausse ponctuelle "de 25 % à vue de nez".

"Des clients du premier confinement reviennent"

A Nantes, la plateforme de livraisons de paniers bio Graines d'ici observe "un petit boom" de 10 à 25 % de hausse des ventes. "Les trois quarts de nos nouveaux clients du premier confinement avaient disparu et certains d'entre eux reviennent", s'amuse son dirigeant fondateur Mathias Esnault. Et pourtant, les marchés alimentaires, cette fois, restent ouverts. D'ailleurs on y travaille bien : Eric Fouqueron, producteur de fruits et légumes à Villevêque (Rives-du-Loir-en-Anjou) a vendu "pas loin de 30 % de plus qu'à l'habitude", samedi dernier. Lors du premier confinement, il avait lancé un système de drive qui fonctionne toujours aujourd'hui.

Pourquoi un tel frémissement des ventes, si les cantines scolaires et les marchés continuent de fonctionner ? Lucie Chauvière, co-gérante de la plateforme de livraison de produits locaux Les saveurs de l'Anjou, à Sablé-sur-Sarthe, tente une explication : "Les gens se retrouvent chez eux, ils ne peuvent plus partir en week-end ou manger au restau, donc ils restent à domicile et il faut bien qu'ils mangent !" C'est peut-être cette même raison qui explique pourquoi Philippe et Sandrine Boullais, producteurs laitiers à Segré-en-Anjou-Bleu, ont dû réapprovisionner leur Biocoop vendredi dernier.

Constat semblable du côté des drive fermiers. "On a 140 commandes cette semaine contre 66 la semaine dernière !" s'enthousiasme Isabelle Lore, présidente du drive fermier de Maine-et-Loire. Elle se doutait bien qu'il y aurait un regain d'intérêt pour les paniers commandés sur internet, "mais pas à ce point-là". En Mayenne, le drive fermier atteint les 250 commandes, soit une centaine de plus que la semaine dernière. Au printemps, le confinement avait dopé son activité : 300 paniers au maximum et un quatrième point de retrait, qui existe toujours.

L'angoisse des fêtes de Noël

Tout n'est pas rose pour autant. Les producteurs spécialisés dans les produits festifs font grise mine, et pour cause : ils n'ont aucune visibilité sur les fêtes de fin d'année. Un producteur de pigeonneaux fraîchement installé à Val d’Erdre-Auxence (Maine-et-Loire) avait déjà dû réduire sa production au printemps et s'interroge aujourd'hui sur son circuit de distribution. A la Poitevinière (Beaupréau-en-Mauges), Claudine et Rémy Besson s'arrachent les cheveux : ce couple d'aviculteurs vend ses œufs et volailles en circuits courts notamment aux professionnels, et "avec la fermeture des restaurants c'est la catastrophe". Du côté des boulangeries, "comme elles ne font plus d'événements de type fêtes de famille, elles nous prennent moins d'œufs. Donc on est obligé d'en envoyer en casserie". Quant aux chapons, canettes et autres pintades, "qu'est-ce qu'on va faire de ces volailles-là s'il n'y a pas de fêtes de Noël ?"

Du côté de Cholet, Baptiste Hulin , lui, a de quoi se réjouir. Au printemps, il avait lancé deux drive fermiers, bénévolement (Fresh'op). Depuis, il a transformé l'idée en société. Olinéo est une place de marché virtuelle, une solution drive clé en main à vendre aux commerçants et producteurs locaux. "Depuis cinq jours on a beaucoup d’appels de commerçants et de producteurs, on a doublé notre potentiel de création de groupes." C'est ainsi que dix drives pourraient bien voir le jour prochainement autour de Nantes, Angers et Cholet.

Antoine Humeau
Le journal
18 décembre 2020 - N° 51 - Notre dernier numéro
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