Au Gaec de la Haute Roue à La Pommeraye, le robot de traite réduit l’astreinte, et permet d’accroître la productivité.
Voilà une exploitation atypique à plus d'un trait. Ce Gaec de quatre associés sera en bio dans un an, et possède un robot de traite. Plutôt peu commun. Plus surprenant peut-être, la production laitière : 8 500 kilos par vache.
Le temps, un élément de décision
Si les membres du Gaec ont choisi d'investir dans un robot, c'est d'abord parce qu'ils n'ont pas réussi à trouver de cinquième associé en remplacement d'un départ en retraite, et que la salle de traite était trop vétuste. Il s'agissait aussi de libérer du temps d'astreinte. “Les critères de temps sont présents dans toutes nos décisions”, explique Olivier Grimault, responsable de l'atelier lait. Car l'un des objectifs, ici, est de se préserver du temps libre (chacun s'accorde quatre semaines de congés par an).
S'il diminue l'astreinte, “le robot ne permet pas pour autant de gagner beaucoup de temps”, constate Guillaume Chevalier, du groupe lait bio à la chambre d'Agriculture. “Le robot me donne une approche plus fine pour chaque animal, précise Olivier Grimault. Il indique par exemple s'il y a des problèmes dans les trayons”. Et l'éleveur profite du temps libéré pour bien assurer le suivi de ses animaux, les inspecter. “Je n'ai pas l'impression de m'en occuper moins bien que si nous avions une salle de traite classique.”
Outre la réduction de l'astreinte, le robot permet d'accroître la productivité. Car ici, “on n'est pas dans une exploitation où la productivité est mise entre parenthèses”, remarque Bruno Landier d'Elevage conseil Loire Anjou (contrôle laitier). Le robot, saturé, assure 150 à 170 traites par jour pour 65 vaches. L'exploitation produit 600 000 litres, alors que la moyenne des fermes d'équipées de robot en Pays-de-la-Loire est à 450 000 litres. “C'est très optimisé, remarque François Battais, ingénieur réseau lait à la chambre d'Agriculture. Il pourrait faire mieux s'il avait plus de lait par vache, il ne faut donc pas descendre, pour la rentabilité économique qu'il souhaite”. Les vaches Prim'Hosltein produisent 8 700 kg de lait par an.
Un pâturage maximisé
L'atelier lait occupe 73 des 147 hectares de l'exploitation. Trente hectares de prairies sont en pâturage. Un parcellaire regroupé autour du bâtiment, et une gestion rigoureuse pour optimiser sa gestion. Les paddocks font 1,5 hectare, ce qui correspond à 4 à 5 jours de pâturage. Les vaches vont chercher l'herbe jusqu'à 700 mètres de la stabulation. “Avec en saison jusqu'à 40 ares de pâturage par vache, c'est impératif de bien valoriser ce fourrage”, témoignent les éleveurs. Comme le robot est saturé, cela nécessite une gestion millimétrée de la fréquence de traite et des allers et venues entre robot et pâtures.
Les vaches ne font pas ce qu'elles veulent : une porte de pâturage leur donne l'autorisation ou non de sortie en prairie. Si la dernière traite est trop lointaine, la porte les contraint à retourner au bâtiment.
L'autonomie alimentaire est une quête permanente, ici. Les quatre associés tentent de produire au maximum leurs concentrés protéiques. Ils ont mis en place des prairies à flore variée et des intercultures RGI-trèfle incarnat “qui se développent bien sans apport d'azote et permettent de diminuer la correction azotée de la ration”.
Mais l'évolution, depuis la création du Gaec en 1973, se fait pas à pas, par expérimentations et tâtonnements. C'est ainsi que la conversion à la bio, par exemple, se fait très progressivement sur six ans, avec une augmentation de la part d'herbe ou un remplacement partiel du tourteau de colza par des protéagineux autoproduits.
Et la finalité, Olivier Grimault la résume ainsi : “On essaie de faire quelque chose de cohérent, qui nous plaît.”
Antoine Humeau
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