“Ceux qui ont vécu la mise en place des quotas en 1984 se souviennent que pendant deux ans, les entreprises ont essayé de gérer elles-mêmes les quotas. En 1986 sont intervenus la départementalisation et le lien au foncier. Dans toute transition politique, il y a un temps nécessaire d’adaptation au terrain.” Ce rappel de Thierry Roquefeuil relativise le brouillard dans lequel se trouvent les producteurs.
On est donc au milieu du gué. D’un côté, “le paquet Lait a validé un cadre pour des relations contractuelles équilibrées”. Mais, précisément, “si les transformateurs ne respectent pas ce contrat, cela crée de nouveaux déséquilibres. Il faut se montrer inflexible”. C’est la raison qui a conduit l’OP Lactalis Normandie-Centre et celle de la laiterie de Cuincy, soutenues par la FNPL, à entreprendre une action de groupe contre leur industriel, dénonçant le non-respect des indicateurs de prix. “S’il y a clash avec les laiteries, il faudra discuter avec les pouvoirs publics sur ce qu’est la liberté d’entreprendre. Il faudra tout remettre à plat, les contrats mais aussi les échanges de collecte”. La Confédération paysanne ironise : “La nécessité de passer par la justice pour résoudre ce conflit illustre bien l’inefficacité de la contractualisation du fait du schéma actuel en organisations de producteurs (OP) verticales”.Elle, défend les OP transversales telles que FMB.
Contrats à renégocier
La FNPL a demandé le 23 février un audit de la contractualisation au ministère, pour “avoir un bilan de l’ambition initiale du paquet lait, à savoir le rééquilibrage de la relation commerciale entre producteurs de lait et transformateurs”.
Les contrats existent depuis 2011, en individuel. Denis Jehannin, de FMB, rappelle qu’ils arrivent à terme en 2016 : “On voudrait participer à l’élaboration des futurs contrats, qu’ils soient collectifs.” Comme en 1984, la construction de l’après-quotas ne se fait pas en un jour.
Rémi Hagel