La filière cidricole a envoyé une lettre à plus de 6 000 maires de France pour les inciter à s’approvisionner plus tôt que prévu en cidre auprès de producteurs locaux, informe un communiqué récent. L’interprofession du cidre (Unicid), les maisons cidricoles de Bretagne et Normandie et les Cidres de Loire, cosignataires de la lettre, appellent "toutes les mairies à avancer leurs achats de cidre sans attendre la fin de l’année ou la période traditionnelle de la galette des rois" afin "d’accélérer l’écoulement des excédents de stocks".
Ils recommandent de se saisir du décret du 23 juillet qui assouplit le code des marchés publics pour l’achat de denrées produites durant l’état d’urgence sanitaire et livrées d’ici le 10 décembre. "Le décret autorise notamment […] la conclusion de marchés publics sans publicité ni mise en concurrence lorsque le marché répond à un besoin inférieur à 100 000 euros hors taxes, les lots ne devant pas excéder 20 % de la valeur totale estimée de tous les lots", rappellent les cosignataires. Ils préconisent également de se référer au vade-mecum publié par l’Association des maires de France (AMF) en 2016 sur les bonnes pratiques de l’approvisionnement local.
Stoppée en plein élan
La filière cidricole, qui rassemble 12 000 producteurs de fruits et 500 cidriers, s’inquiète de voir ses cuves encore pleines alors que la récolte dans les vergers a commencé avec dix jours d’avance et s’annonce "abondante". Car, contrairement au vin, le cidre n’est pas un produit de garde. Or, le marché demeure "morose" depuis le confinement, avec une baisse des ventes de "plus de 6 %" sur les huit premiers mois de l’année en grande distribution – secteur qui représente 60 % du marché – par rapport à 2019, indique l’Unicid dans un autre communiqué.
Quant à la consommation hors domicile, elle a été "inexistante" sur la même période et ne reprend "que progressivement et partiellement". Si certains cidriers bretons et normands ont pu rattraper en partie leur chiffre d’affaires grâce aux touristes estivaux, la situation de la filière "reste globalement alarmante", selon Marc Roubaud, le président de l’Unicid.
Les déconvenues liées à la Covid-19 heurtent d’autant plus la filière que celle-ci s’était engagée dans une démarche de segmentation, diversification de l’offre et développement de la bio. Après "une lente érosion des volumes", les ventes de cidre dans l’Hexagone avaient augmenté de 3,3 % en 2019, atteignant 80 millions de litres plus 10 millions de litres pour l’export, soit 225 millions d’euros de chiffre d’affaires, indique l’Unicid.