Pourquoi ne pas rejoindre l'Unell ? Après 2015, les stratégies, mais aussi les règles, vont devenir plus propres à chaque entreprise. D'où ce besoin de dialogue avec les industriels, et de rééquilibrer le rapport de force, pour les producteurs. “Si c'est si difficile avec Lactalis, pourquoi ne pas aller voir l'Unell ?” Provocation d'un jeune éleveur mayennais, dans la salle de Saint-Georges-Buttavent. L'Unell est l'union nationale des OP Lactalis qui s'appuient sur les moyens de la FNPL et des interprofessions. “On peut laisser l'Unell fonctionner seule, mais cela veut dire qu'on retourne à un système où on n'a rien à dire, pour 100 euros/1 000 litres d'adhésion”, répond Michel Ernault, ancien représentant de la FDSEA de l'Orne. “Adhérer à l'Unell, c'est adhérer à la cogestion, par laquelle tout est décidé à Paris. Derrière, c'est l'intérêt des coopératives qui priment. Ce sont pourtant elles qui ont commis les plus grosses fautes dans la filière laitière, ces dernières années.” “On vous laisse le choix” L'organisation des producteurs Lactalis du Grand-Ouest veut proposer une autre voie, une troisième voie : “Il y a FranceMilkboard, avec l'EMB, une OP transversale qui ne concerne que les entreprises privées. Il y a le projet FNPL, des OP verticales qui vont rapidement s'apparenter à des coopératives de collecte. Et il y a nous, une OP non commerciale qui veut créer un contrat de filière avec notre laiterie... Nous sommes quand même les seuls à dire aux producteurs : Vous avez le choix d'adhérer à telle ou telle OP.' Nous n'avons jamais voulu aller démarcher les gens chez eux, nous refusons d'être intrusifs”, insiste Jean-Michel Yvard. L'objectif est aussi de “ne pas dépasser les 25 euros/1 000 litres de cotisation”. Les responsables espèrent atteindre un bon taux d'adhésion, dans les six prochains mois. Trop court, peut-être, semblait dire la vingtaine de producteurs présents à la réunion de Saint-Georges.
Pour la première fois, l'OPLGO a organisé des réunions d'informations, dont quatre en Mayenne et en Sarthe. “On avait laissé les OP en jachère. On croyait que le dispositif serait entièrement revu, qu'il ne servirait à rien, avec le changement de majorité au Gouvernement. Finalement, cette organisation reste incontournable pour être reconnu demain des pouvoirs publics et des entreprises. C'est même resté une obligation” pour l'après-quotas laitiers, explique Jean-Michel Yvard, président de l'APLMS. L'association des producteurs de lait Mayenne Sarthe est née de l'ex-groupement Lactalis de Laval. C'est l'une des principales associations, avec l'ex-groupement de Domfront et la délégation Bridel, adhérant à l'OPLGO. Potentiellement, cette future OP représente 2 500 producteurs de lait livrant à Lactalis.
“On n'a pas besoin d'être 2 500 pour pouvoir peser face à Lactalis, à moins, on y arrivera”, reste, confiant, Michel Ernault, président de l'association de Domfront. Mais pour le moment, l'OPLGO n'est pas encore une OP reconnue, et les dirigeants de Lactalis savent user de la situation pour ne pas délivrer des informations ou rencontrer les représentants de l'OPLGO. “J'ai quand même l'impression qu'il y a quelques années, il y avait encore des informations transmises par l'entreprise, un dialogue. Là, il n'y a plus d'échanges”, remarquait mardi, à la réunion de Saint-Georges-Buttavent, un éleveur mayennais. “On a quand même affaire à des privés, pas à une coop, lui répondait Michel Ernault. Mais est-ce qu'en allant ailleurs, on serait forcément mieux ?”