Publié le
Vendredi 18 décembre 2020

[C'était l'Avenir...] Strasbourg : 70 000 paysans contre le Gatt

Edition du 4 décembre 1992

Le 1er décembre 1992, la FNSEA a réuni dans les rues de Strasbourg 70 000 paysans européens pour protester contre l’accord du Gatt, dont de nombreux Belges et Allemands… Et même des Coréens et des Canadiens. Côté français, le grand bassin parisien domine la manif.

Des jeunes Mayennais présents

L’Ouest fait figure de parent pauvre. Chaque département a envoyé entre 200 et 400 paysans. La Mayenne a rempli quatre cars, ce qui est symptomatique de la plus forte mobilisation des céréaliers, le sud du département ayant mieux répondu que le nord. Quelques jeunes sont là, tels Jean-François, de Louverné, qui vient de s’installer en production laitière après son BTS. "Je suis en plein dans le débat", explique-t-il.

Au milieu des pique-niques improvisés sur le trottoir (sandwich et pinard), on peut toujours méditer quelques messages bien sentis : "Oncle Sam, laisse-nous vivre et nourrir tes pauvres" ou "Gatt ou l’envers de l’Euro Disneyland."

Après la marche dans la bonne humeur, place au meeting dans le stade de la Meinau. Au micro se relaient les responsables des syndicats européens. Avant le discours final de Luc Guyau, rendu inaudible par le ballet des pétards, le président du CNJA annonce la couleur : "S’il faut aller à Edimbourg (prochain sommet européen), nous irons."

Négociations : laisser pourrir

Personne n’a plus l’air tellement pressé de voir avancer les choses sur le Gatt. Les Américains, on les comprend : à une queue de vache près, ils ont ce qu’ils voulaient. Les petits pays n’ont pas le choix, ils sont trop petits pour se battre. L’Europe, quant à elle, n’est pas pressée de laver son linge sale en famille.

Alors, que la France ait mis son mouchoir sur un veto brandi pourtant comme un carton rouge, après le retour de M. Mac Sharry [commissaire à l’Agriculture], ce n’est pas étonnant. Certains disent aussi qu’il faut attendre que ça se décante entre les différents secteurs de l’économie, afin de savoir si ce qu’on perd sur le secteur agricole ou les produits industriels peut se rattraper sur les services ou les banques.

Maryvonne Arzul
Le journal
18 décembre 2020 - N° 51 - Notre dernier numéro
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