Vous avez récemment fait part de votre vive indignation sur Twitter, au sujet de la nouvelle marque lancée par Carrefour, “Origine et qualité”. Qu’est-ce qui vous scandalise?
Origine et qualité, c'est une marque que Carrefour a déposée. Or, l'Inao (1), c'est l'institut de l'origine et de la qualité, c'est-à-dire les AOC et les AOP. Ce qui nous énerve dans cette affaire, c'est qu'il y a encore une fois une appropriation. Cela crée une confusion, un amalgame qui est indétectable pour les consommateurs de base.
Allez-vous déposer plainte?
L’Inao en a longuement discuté. Je crois savoir que la marque a été déposée mais pas encore validée par l'Institut national de la propriété industrielle (INPI). Mais au-delà de la légalité, il y a aussi une réflexion citoyenne sur la légitimité. Il nous faut interpeller le citoyen, le sensibiliser.
Comment procéderez-vous?
C'est la presse, les réseaux de copains, les associations de consommateurs. Une marque bombarde en marketing, il faut dénoncer cela.
Mercredi prochain, Olivier Cousin, vigneron à Martigné-Briand (Maine-et-Loire) comparaîtra devant le tribunal correctionnel d’Angers pour avoir utilisé le mot “Anjou” sur ses bouteilles non AOC. C’est le même problème?
Cela me choque que vous mélangiez ces deux affaires. Mais c'est le même type de problème. Dans les deux cas, on ne peut pas faire n'importe quoi, on doit respecter le collectif. La loi est la même pour tout le monde, que l'on soit un géant de la distribution ou un petit producteur.
L’Inao s’approprie des mots !
Non ! Nous défendons le consommateur et le collectif de producteurs qui respectent un cahier des charges rigoureux. C'est pourquoi dans les deux cas nous devons rester droits dans nos bottes.
Propos recueillis par Antoine Humeau
(1) Institut national de l’origine et de la qualité