“L'agriculture a un rôle à jouer”
“On peut voir que deux extrêmes conduisent à l'appauvrissement de la biodiversité, poursuit Yolande d'Olier : l'agriculture intensive et l'abandon des parcelles, qui mènent au reboisement des surfaces.” Entre deux, certains éleveurs ont voulu voir comment la biodiversité de leurs prairies pouvait être exploitée. “Sur ces exploitations, où on laisse des arbres dans les champs, l'entretien des prairies permet un équilibre et la préservation d'une biodiversité. Donc, l'agriculture a un vrai rôle à jouer dans la préservation de la biodiversité.”
Agriculteur à Lignières-Orgères, à l'extrême nord-Mayenne, Thierry Pichereau “apprécie de voir qu'une certaine agriculture permet de préserver la biodiversité”. “Et je me réjouis qu'on fabrique aujourd'hui des élèves qui vont produire vers l'agroécologie” [lire ci-dessous], commente le lauréat 2013 et président du jury 2014. Cette année, le PNRM a décerné le prix d'excellence agri-écologique à l'exploitation Sallé, de La Baroche-Gondouin, pour l'une de leurs prairies naturelles : le jury y a relevé une soixantaine d'espèces végétales.
“On ne fait que maintenir ce que mes parents faisaient. Ils avaient déjà de belles prairies.” Nelly Sallé est loin de chercher les lauriers. Installée sur la ferme familiale en tant que conjointe collaboratrice avec son mari Denis, elle apprécie surtout son îlot de verdure et la richesse naturelle qui s'y déploie. Pour la parcelle primée, Denis Sallé livre son secret : “J'exclus l'azote, les produits chimiques, pour préserver la biodiversité.” Une fauche est pratiquée chaque année, puis la parcelle est pâturée. “On met en place des paddocks de 1 ha à 1,8 ha. On laisse un repos végétatif de Noël au 15 mars, à peu près.”
Un choix économique et philosophique
L'exploitation de La Baroche-Gondouin compte 34 hectares de prairies naturelles au total, auxquelles il faut ajouter environ 15 hectares de maïs. La préservation de ces prairies est à la fois “un choix économique et philosophique”. “Nous sommes autonomes en fourrages, avec un chargement de 1,67 UGB.” Denis Sallé a travaillé dans le passé avec Patrice Pierre, spécialiste ès prairie de la chambre d'agriculture de la Mayenne et du Maine-et-Loire, afin d'observer et de connaître au mieux le potentiel herbager de ses parcelles. Aujourd'hui, “nous obtenons 8 à 9 tonnes de matière sèche… Pour un coût de 65 euros par hectare d'herbe, contre 430 euros par hectare de maïs”.
En plus des Normandes, qui produisent un quota de 225 000 litres, les veaux sont valorisés en bœuf, en filière BNR. Cette organisation permet de réduire au maximum les investissements en matériel, la plupart de l'équipement se trouvant à la Cuma.
Denis Sallé représentera le PNRM pour le concours général de Paris, parmi 50 candidatures.
Frédéric Gérard
(1) Le jury a souhaité féliciter tous les participants par un prix, auquel a contribué le Crédit Mutuel. Prix “prairie humide” , Marie et Pascal Brunet, Saint-Denis-de-Villenette (61) ; “apiculture”, Gaec des Centaurées, Céaucé (53) ; “bocage”, Philippe Derouault, Loré (61) ; “paysage pastoral”, Gaec des Martellières, Sept-Forges (61).