Publié le
Vendredi 7 novembre 2014

Viandes françaises et incohérence administrative mises en avant

Entre les lisiers et fumiers déversés sur leurs routes ou sous leurs fenêtres et des ragondins lâchés en pleine ville, les Français ont-ils bien été sensibilisés au “manger français”, mercredi ? La diversité des actions sur le territoire national a brouillé un message pourtant porteur : les filières alimentaires peuvent nourrir les territoires, en terme économique, et limiter les scandales sanitaires. Mais “le ras-le-bol” l'a emporté.
Dans l'Ouest, les mobilisations se sont globalement déroulées dans le calme. En Bretagne : le Finistère s'est contenté d'un point presse, les Côtes-d'Armor, d'une opération escargot. Des MSA, comme dans la Manche (fumiers et légumes pourris), ont de nouveau été la cible d'agriculteurs. Pourtant, rappelle Stéphane Le Foll, “la MSA s'est engagée à des reports de paiement des cotisations sociales dans les secteurs en difficulté”.


Des ragondins à Nantes et Angers



“Nous souffrons de deux maux : une carence de prix et une phobie administrative. Quant à nos élus, ils ont une carence de courage”, a lancé Alain Bernier, le président de la FNSEA 44 face à 300 agriculteurs (dont 50 maraîchers) venus avec 80 tracteurs. “Le pays est miné par des idéologistes et des donneurs de leçons de tous bords, qui prônent la décroissance”, a-t-il poursuivi devant la préfecture de Nantes, alors que dans la ville les opposants au nouvel aéroport avaient fait parler d'eux, le week-end. A côté de la FNSEA et de JA, de nombreux secteurs étaient représentés : maraîchers, horticulteurs et paysagistes, syndicat des marchands de bestiaux et association d'éleveurs (Elvea 44). Après que fumier, vieux pneus, déchets divers, poireaux, plumes, etc. ont été déversés devant la préfecture, dont l'accès était barré par un cordon de CRS, une quarantaine de ragondins ont été lâchés, qui se sont éparpillés un peu partout. Ce qui a suscité de nombreuses réactions hostiles et la promesse d'une plainte par la Fondation Brigitte Bardot.


A Angers, des ragondins ont aussi été lâchés, devant la Dreal, avant que les grilles d'entrée ne soient soudées au fer à souder. Des œufs pourris ont été lancés sur les bâtiments. Pour sortir de l'enceinte, les fonctionnaires devaient tous remplir un questionnaire un rien ubuesque préparé par la FDSEA. Sur le nombre de manifestants, le syndicat s'est montré plus pertinent : 800 éleveurs, arboriculteurs, maraîchers ou horticulteurs se sont mobilisés, accompagnés de 350 tracteurs, selon les chiffres de la police. Le cortège, qui a traversé tout le centre-ville, bloquant la circulation durant plusieurs heures, sans dégâts à déclarer.


Au Mans, avant quelques affrontements, l'action avait aussi commencé de manière bon enfant avec 150 agriculteurs. Deux agriculteurs, revêtus d’une combinaison de protection, se sont prêtés à leur “animation ludique” : “On va vous montrer à quoi ressemble la lourdeur administrative. Nous, agriculteurs, vivons sous le poids des sigles”, a présenté Michel Dauton. Le président de la FDSEA72 était armé d’un épais paquet d’affichettes, portant toutes l’inscription d’un acronyme : ZAR, ZAC, MAE, ZV1, ZV2, ZV3, PPE, ICPE, etc. La liste a ainsi été commentée durant une bonne heure.


L’extension des zones vulnérables ? “Une connerie monumentale qui ne satisfait même pas les ayatollahs verts”. Les DPB (aide directe de base) ? “Même l’administration n’y connaît rien !” explique David Bourdin, président de JA72. “Ça fait un an et demi qu’on valide via la signature du préfet des dossiers d’installations non aboutis.” Pour le bouquet final : les GMS et la RHD (restauration hors domicile). “Ces sigles symbolisent la perte de notre compétitivité. La GMS est une buveuse de sang et fabrique des chômeurs. Elle profite des errances du Gouvernement qui a remplacé l’allègement des charges sur l’emploi des saisonniers par le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi). C’est la grande distribution qui en bénéficie!”



A Laval, des tracts aux ronds-points



Le taux de réussite a été plus faible à Laval : 191 manifestants selon la police, 350 selon les syndicalistes. Les Mayennais sont restés plutôt mesurés pour sensibiliser au “patriotisme économique” en distribuant des tracts aux principaux ronds-points de la rocade. Sur certains d'entre eux, à peine 20 personnes, et peu de distributions de tracts observés. Avertis, les automobilistes se sont faits moins nombreux, et le trafic est resté fluide, dans l'ensemble (à part un blocage ponctuel à la mi-journée). Les autorités avaient pourtant pris cette manifestation au sérieux : une unité de CRS, et des forces de police étaient mobilisées pour protéger notamment la MSA, l'Onema, la préfecture et la cité administrative... où a finalement eu lieu le rassemblement final (et non au foirail), entraînant l'évacuation du personnel, par précaution. Seuls quelques tracteurs ont pénétré en ville alors que cela était interdit.


Le préfet Philippe Vignes a rencontré une délégation. Il a été convenu d'une réunion de travail le 18 novembre, au sujet de la directive Nitrates et des contrôles.



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