Les vaches vêlent à 26 mois, soit six mois plus tôt que la moyenne de la race. Les 180 vêlages par an leur permettent “d'obtenir plus de veaux et de faire un premier tri dans les vaches qui se destinent à être des têtes de souche de l'élevage”. Les meilleurs mâles partent en station (trois fois l'an dernier). Les autres sont élevés en bœufs. Les femelles sont vendues en lait, juste après leur premier vêlage. Mais comment trier celles à conserver sur l'élevage ? “Dans un commerce il faut savoir panacher. Si on veut que l'acheteur revienne, il faut lui vendre une bonne vache, sinon il ne revient pas, et on n'a pas le droit de le tromper”.
Historiquement, Eugène Corbet a toujours sélectionné sur la morphologie et notamment la mamelle. Ses fils lui ont emboîté le pas quand ils se sont installés. “On ne fait pas de la production laitière un axe prioritaire, même si on ne la néglige pas.” Si leurs priorités restent les aplombs et les mamelles, ils font aujourd'hui de plus en plus attention à la fertilité et aux cellules. “Axer sur la longévité permet d'avoir plus de lactations et commercialiser ainsi davantage de jeunes animaux”, argumente l'aîné. Mais encore faut-il un équilibre de prix : “Si les prix de la réforme sont élevés, la vache en lait doit être à 1 700 - 1 800 €. Si la réforme baisse à 800 ou 900 €, la vache en lait doit être autour de 1 100 €.”
“Ne pas banaliser la Normande”
“Faire progresser son troupeau, c'est aussi agir pour la race.” Produire plus de génisses contribue à la développer, mais “si on veut que la Normande maintienne ses effectifs, il faut répondre aux critères demandés par les éleveurs et bien valoriser nos produits”. “Il ne faut pas banaliser la Normande. Si l'objectif est de produire 100 000 l de lait, autant passer en Holstein !”
Antoine Humeau