Quand on était jeunes, on voulait s’installer avec ma femme. Mais ça ne s’est pas fait. C’est notre fils qui nous a remis le pied à l’étrier." Pascal Augem a aujourd’hui 53 ans, il s’est finalement installé en novembre 2019, sur l’exploitation de son fils Valentin, à Saint-Thomas-de-Courceriers.
L’histoire commence donc avec Valentin, fondu d’agriculture. "Depuis tout petit, je savais ce que je voulais faire. Mes grands-parents, mes oncles, mes cousins sont agriculteurs dans l’Orne. On doit avoir ça dans le sang dans la famille…. Pour moi, c’est une passion. J’aime le contact avec les animaux, la nature, le travail de la terre." Etudiant, il était salarié le week-end et les vacances à Lactalis. "L’usine, ce n’est pas la vie que je voulais mener. J’ai du mal à recevoir des ordres. A la sortie du BTS, je me suis installé. Quand on sait ce qu’on veut faire, pourquoi prendre trente-six chemins ?"
Pour s’installer, il a choisi de s’exiler : "Je n’ai pas souhaité m’associer avec des membres de ma famille. Je n’avais pas envie de m’embrouiller avec eux ; je sais que j’ai mon petit caractère…. Et je m’en suis écarté pour ne pas être en concurrence directe." Grâce à une agence spécialisée, Valentin a trouvé une exploitation dans le nord-est mayennais, à Saint-Thomas-de-Courceriers. C’est ainsi qu’il est devenu le plus jeune installé de la Mayenne, à 18 ans.
De "coup de main" à "installé"
En réalité, Valentin s’est associé à ses deux parents, Valérie et Pascal, dans une SCEA. Valentin en installé principal, et ses parents en "coup de main". Valérie travaille chez Lactalis à Charchigné, et Pascal exerçait comme extrudeur, chez Hutchinson à Soulgé-Ganelon (Sarthe). Le soutien des parents était nécessaire pour convaincre les banques. Tous trois ont un diplôme agricole. Assez vite, Pascal a franchi le pas : son entreprise lui proposait un "plan de compétitivité" dur à avaler (moins de salaire, moins de RTT, etc.). Il a préféré prendre une prime de licenciement, et rejoindre officiellement Valentin sur la ferme, en novembre 2019.
"Tous les associés ont un droit de regard sur tout, on doit pouvoir être remplacé si on est malade", décrit le jeune agriculteur. Chacun a toutefois des domaines de prédilection. Valentin assure la compta, le suivi du troupeau et les travaux des champs. "Papa a été électromécanicien, je lui laisse le bricolage. Moi je suis nul en électricité, je suis capable de faire brûler un bâtiment !" concède-t-il. Au quotidien, les deux hommes partagent le travail d’élevage (traite, alimentation des animaux, etc).
"On fait le métier avec plaisir"
"C’est intéressant, c’est mon fils qui vient apporter son expérience !" apprécie Pascal. La situation était claire dès le départ. "Le but, c’était que Valentin s’installe. Nous, on vient épauler." Ces règles du jeu étant admises, les choses se passent bien, il n’y a pas de problème relationnel, contrairement à certaines associations père-fils où le plus jeune bouscule les habitudes du plus ancien. "On se concerte, on apporte la réflexion, mais Valentin prend les décisions. On n’est pas encore tombé, ça veut dire qu’il fait les bons choix…" apprécie le papa. "Nous, on fait le métier avec plaisir, pas à contrecœur. Tous les ingrédients sont rassemblés pour qu’on travaille dans un bon esprit."
La joyeuse entreprise familiale a fait un autre convaincu : "Mon petit frère Charly vient nous aider. Au départ, il étudiait la chaudronnerie…" Et dire que l’élevage en décourage certains…