Publié le
Vendredi 4 septembre 2015

Pour une nouvelle vision stratégique

Que ce soit en Allemagne, en Irlande, aux Pays-Bas, etc., “cette absence de vision stratégique partagée ne se perçoit pas dans d’autres Etats membres de l’UE”, note Hervé Guyomard, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).
Que ce soit en Allemagne, en Irlande, aux Pays-Bas, etc., “cette absence de vision stratégique partagée ne se perçoit pas dans d’autres Etats membres de l’UE”, note Hervé Guyomard, de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).

Deux experts de l’économie agricole regrettent l’absence de cap en France pour réorienter les filières animales face aux nouveaux enjeux.

'La France souffre de l’absence d’une vision stratégique partagée pour son agriculture et son secteur agroalimentaire. Il faut fixer un cap pour le moyen et le long terme, et se placer dans une perspective dynamique.”A en croire Hervé Guyomard, de l’Inra, la France et ses productions animales seraient un cas unique en Europe (c’est plus nuancé pour les grandes cultures).="text-align:>

L’élevage français a perdu sa dynamique, mais ne serait pas réellement en crise, plutôt “dans une période d’entre-deux”, commente Jean-Marie Séronie, expert indépendant, néoretraité du CER (Cerfrance 50). “Il y a eu une grande révolution agricole dans les années soixante et finalement, on est toujours dans la continuité de cette révolution. On est toujours dans la même conception de l’exploitation familiale. Et c’est cela qui coince ! Il y a un manque cruel d’innovation. Pourquoi rien n’émerge ? C’est une réelle question.”


Il cite cependant une partie des réponses. “Aujourd’hui, le syndicalisme a du mal à définir une vision commune, il y a longtemps que les chambres d’Agriculture sont en panne de propositions. C’est pourquoi la profession focalise tout par rapport à l’Etat, qui finalement devrait‘secouer le cocotier’pour leur dire de prendre leur destin en main.”


Une période propice pour briser les a priori ?


Jean-Marie Séronie juge cette période de doutes propice à lancer les réflexions avec les élus, les régions, les consommateurs sensibilisés, afin de dépasser les a priori et installer un débat serein sur les projets d’agriculture. “Cela éviterait, entre autres, une surenchère entre les syndicats, les ONG, etc.”


Ainsi, impossible de parler de taille d’exploitation sans tomber dans les “crispations inutiles” regrettent les deux experts ; citant “la ferme des 1 000 vaches”, bien loin du “modèle agricole familial français”. “Il faut plutôt raisonner en termes de taille économique‘suffisante’afin de permettre à l’exploitation de dégager un revenu, de faire face aux chocs, de moderniser, etc.”Pour l’heure, sans guide ni boussole, “consommateurs, contribuables et citoyens ont bien du mal à s’y retrouver !”,note Hervé Guyomard. Mais “chacun ou presque a sa solution”.

Jean-Marie Séronie, lui, plaide pour une réforme “allant vers une fiscalité d’entreprise”. “Beaucoup d’éleveurs travaillent trop et ne produisent en fait pas assez. C’est la différence entre s’occuper et produire. La clef de gestion, c’est la valeur produite par unité de travail. Etre compétitif, résister en conjoncture défavorable et anticiper quand tout va bien sont les trois éléments d’une bonne stratégie d’entreprise. Mais pour cela il faut avoir de la trésorerie. Aujourd’hui, les mesures fiscales ne permettent pas de gérer la volatilité, et poussent trop à investir… Quand les éleveurs gagnent de l’argent, trop souvent ils l’investissent dans du foncier ou du matériel.”


Hervé Guyomard voit “la nécessité d’augmenter et de diversifier les sources de revenus des éleveurs. Cela pourrait être le développement de la pluriactivité, sur et hors exploitation, le développement de paiements pour services environnementaux et territoriaux comme la préservation de l’eau, de la biodiversité, le stockage de carbone, etc.”Il pousse aussi à imaginer “des financements innovants” afin de profiter “de l’importance des liquidités disponibles”.

Mais pour innover, il faut “ne pas avoir peur du changement”. “Dans cette perspective, l’éducation, la formation et la recherche ont un rôle important à jouer.”


D’après Agrapresse


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