Nous ne sommes pas anti-pesticides. Nous, nous sommes pour les victimes, et pour les agriculteurs", explique Julien Guillard, président de la nouvelle antenne nantaise de PhytoVictimes. Créée en soutien à l’agriculteur Paul François dans son combat juridique (gagné) contre Monsanto, l’association dispose, depuis la rentrée, de bureaux à Saint-Herblain pour accueillir tous ceux qui auraient besoin d’aide dans leurs démarches.
De quelles démarches parle-t-on ? De la reconnaissance par la MSA (pour les agriculteurs) d’une maladie professionnelle liée à l’exposition aux pesticides. "Il faut absolument se faire accompagner", insiste le président. Le parcours est semé d’embûches administratives, et peut se révéler éprouvant pour une famille déjà frappée par la maladie. "Nous, on a l’habitude, on sait à quelle porte frapper, et il n’y a pas de parti pris. On accompagne pour les cas de Parkinson et les lymphomes non-hodgkiniens, bien sûr. Mais aussi des maladies moins bien définies, par exemple l’hypersensibilité chimique multiple (MCS en anglais)." La reconnaissance, une fois obtenue, peut s’accompagner d’une rente. "Et c’est aussi faisant remontrer les cas qu’on fait bouger les lignes."
Lutter contre le tabou agricole
Au-delà de l’accompagnement direct, PhytoVictimes travaille en amont pour justement faire évoluer la situation. "Nous sensibilisons les étudiants en médecine", qui ont un rôle déterminant à jouer, explique Julien Guillard. L’association porte aussi, avec difficulté, la parole des victimes devant la MSA et le ministère de l’Agriculture. Elle a notamment participé à la création du fonds d’indemnisation des victimes des pesticides, qui n’attend plus qu’un décret d’application pour entrer en service. Mais le plus difficile, explique le président, c’est encore de lutter contre le "tabou agricole : la peur de se montrer, de ce que vont penser les voisins, la famille. C’est un monde où on est un peu pudiques".