Publié le
Vendredi 31 octobre 2014

Passer au TCS avec les 3R, tout un programme !

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Réduire le temps de travail a été l'élément déclencheur mais la motivation était également de pallier un problème agronomique, “j'avais des sols fatigués, battants, difficiles à travailler”. Avant de se lancer, l'agriculteur a pris du temps pour s'informer, “j'ai adhéré à Base et je me suis abonné à la revue TCS pour ne pas flancher en cours de route”. Il insiste sur les fondamentaux de l'approche TCS, “les 3R : réduire l'intensité et la profondeur du travail du sol, recouvrir le sol en permanence avec les cultures et les couverts pour le protéger et stimuler l'activité biologique, et restituer tous les résidus végétaux pour augmenter la matière organique”.


Rester vigilant dans
le choix du matériel



“Tous les engins qui mélangent les horizons sont à exclure. Pour avoir un sol qui fonctionne bien, il faut respecter une règle : les couches de sol doivent rester dans l'ordre. La référence, c'est un sol de la forêt : en surface une belle couche de matière organique en décomposition, très brune, légère, en dessous, le sol puis le sous-sol. Si vous travaillez avec un outil à dents, il faut s'assurer que les socs soulèvent, détassent mais ne remontent pas la terre du fond en surface, sinon on fait la même chose qu'avec un labour. Et surtout ne pas diluer la matière organique pour obliger les vers de terre à remonter. Ce sont eux qui remplacent le travail de l'acier. Si vous vous remettez à labourer, vous mettez votre travail
par terre.”



Le sol stocke de l'azote



Lorsque le sol est remué par le labour, il s'oxygène et se réchauffe, ce qui accentue la minéralisation de la matière organique. En revanche, la part d'humification de celle-ci est faible. A l'inverse, en TCS, les résidus de culture restent en surface, l'oxygénation du sol est limitée, et c'est l'humification qui est favorisée au détriment de la minéralisation. Le taux de nitrates assimilables issus de la minéralisation de la matière organique, est donc faible. Cela engendre pour les céréales “un jaunissement les premières années alors que celles des voisins sont bien vertes, mais au bout de 5-6 ans, on n'a plus ce problème”. En effet, c'est le temps qu'il faut pour que le taux d'humus augmente et que sa minéralisation libère de l'azote. Sur le terrain, la conséquence de cette évolution, ce sont “des sols de plus en plus portants, faciles à travailler”.



Repenser le programme de désherbage



Quand le labour cède la place aux TCS, certaines difficultés apparaissent, “on se crée de nouveaux problèmes de désherbage car le stock de graines se concentre en surface”. Luc Brizard a associé les faux semis et les solutions chimiques, ce qui au fil des années, a épuisé la réserve de graines d'adventices. Néanmoins, l'agriculteur prévient, “il faut rester vigilant en permanence, je n'ai plus les problèmes de gaillet du début, mais cette année j'ai eu une explosion de véronique de perse dans les maïs”. Avec le taux de matière organique qui progresse peu à peu, “de 3 % en 2000 à 4,5 à 5 aujourd'hui”, la dégradation des éléments par la vie microbienne est accentuée. Avec pour conséquence “une baisse d'efficacité des herbicides racinaires, j'ai donc été obligé de passer en foliaire”.


Autre moyen de lutte, l'introduction de la luzerne dans la rotation, “depuis, j'ai moins de problème d'adventices”. En matière d'IFT, Luc Brizard confie qu'après avoir augmenté, ses indices se sont stabilisés, puis ont baissé. “Je n'ai pas plus recours aux phytosanitaires qu'au temps du labour, je choisis des variétés de céréales résistantes aux maladies pour ne plus faire qu'un
fongicide.”



Tirer parti des couverts végétaux



Quant à la rotation, “il faut la repenser si elle est vraiment bancale, trop courte, ou trop céréalière. Ce qui marche bien, c'est deux cultures d'hiver suivi de deux cultures de printemps”. Les couverts végétaux, Luc Brizard conseille de les cultiver comme de vraies cultures, “en associant les espèces de façon à obtenir différents étages et concurrencer au maximum les adventices”. De plus, si les couverts sont récoltés pour les animaux, ils peuvent être fertilisés dans certains cas, “c'est un avantage, ça les booste”. Et pour gérer les limaces, “j'ai éliminé les plantes appétentes et je sème du moha, du trèfle d'Alexandrie”.


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