Le préfet met en demeure (comme en 2011, 2012, ou encore 2015) l’entreprise de Grez-en-Bouère de prendre ses dispositions pour endiguer les rejets autour de son site : spécialisée dans le traitement des
déchets toxiques, en particulier les matières souillées aux polychlorobiphényles et polychloroterphényles (des PCB), Aprochim est reconnue source d’une pollution diffuse, dans son environnement.
“Dans un délai de trois mois à partir de la notification du présent arrêté, la société Aprochim est mise en demeure de respecter les dispositions visant à arrêter les émissions de PCB et de dioxines/furanes issues de son site dans l’environnement extérieur à l’établissement.”
Le préfet justifie notamment son arrêté par le fait que “ces dépassements nuisent [aux activités de] l’agriculture sur son volet production de végétaux utiles à l’élevage des animaux”. Aprochim ne respecte pas ce pour quoi elle s’était “engagée” en 2006, rappelle la préfecture : “Que son activité n’ait qu’un impact minime sur l’agriculture.”
En décembre dernier, des analyses de végétaux ont montré une teneur largement supérieure à la normale. La société doit impérativement tout mettre en œuvre pour que “les concentrations dans les herbes en PCCDD/F + PCBdl à 12 % d’humidité soient inférieurs à la valeur de la commercialisation des fourrages au niveau de l’ensemble des stations situées à l’extérieur des limites de la propriété”, dans le cadre du plan de surveillance du site. Le 23 juillet prochain, l’usine devra répondre aux exigences du préfet. Sous peine de sanctions pénales, de lourdes amendes ou plus encore, de fermeture.
Quatre mois à l’arrêt
Cet arrêté intervient alors que l’usine vient tout juste de redémarrer apès un incendie. Le 13 octobre 2017, une explosion à l’intérieur des bâtiments, suivie d’un incendie, avait conduit à stopper l’activité. Une première mise en demeure, relative aux installations techniques, et sous contrôle de la DGAL, avait alors été notifiée à l’entreprise. L’activité n’a repris que le 20 mars dernier, de manière “partielle et sous surveillance” de la préfecture. Un contrôle devait avoir lieu en avril, après la reprise d’activité.
Déclarée en janvier 2011, après avoir été découverte sur une collecte de lait, la pollution aux PCB autour du site de Grez-en-Bouère est source de rebondissements en série. Parmi les premiers actes, l’arrêt de plusieurs activités de vente directe et l’abattage de 400 bovins contaminés, impropres à la consommation. Des associations locales ont réclamé la fermeture de l’usine.
Frédéric Gérard