Publié le
Vendredi 25 juillet 2014

Nicolas Douzain (FNBois) : "On demande la mise en place de quotas dans la filière bois”

Nicolas Douzain délégué général de la Fédération nationale du bois
Nicolas Douzain délégué général de la Fédération nationale du bois

Nicolas Douzain délégué général de la Fédération nationale du bois, participe aux discussions avec Stéphane 
Le Foll sur la sécurisation des approvisionnements
 en grumes.

Habituellement, les industriels du bois sont plutôt discrets. Que se passe-t-il ?


La situation n’a jamais été aussi tendue. Il y a de la rétention dans les forêts françaises. Les scieries manquent de bois et refusent des marchés. Un comble, dans un pays qui a la plus grande réserve forestière d’Europe. De plus, l’Etat semble fermer les yeux sur des pratiques interdites : des propriétaires traitent les grumes en pleine forêt [un traitement phytosanitaire est obligatoire pour avoir le droit d’exporter]. Le seul produit utilisé, la cyperméthrine, est interdit depuis longtemps en Allemagne, pour son inefficacité mais aussi pour sa toxicité potentielle en milieu ouvert. Tout ça pour gagner 2 à 4 € du m3en exportant vers la Chine. On chiffre une perte de 800 M€ de valeur ajoutée pour l’industrie française du bois : une grume rapporte 15 €, une poutre en lamellée collée 600 €.

A part multiplier les contrôles, que peut faire le ministre ?


L’Etat est à la fois juge et partie. L’ONF (office national des forêts), qui dépend du ministère, dispose de 40 % de ce qui est mis en vente en France ; dans les régions de l’est, c’est jusqu’à 80 %. Or, cette année, l’ONF a mobilisé 10 % de moins de volume de bois que ce qu’il s’était engagé à faire. Alors même que les prix sont au plus haut depuis des décennies ! Cela participe aussi à favoriser la spéculation, et dessert les intérêts des scieries et de l’emploi. Les dernières industries du bois en France avaient pourtant regagné 20 points de parts de marché en cinq ans face à l’Allemagne, grâce à des investissements.

Quelles sont vos solutions ?


Nos entreprises sont à genoux et on sert le reste du monde, c’est immoral ! On demande la mise en place d’une politique de quotas, en France et en Europe. Nous ne sommes pas protectionnistes, mais tous les pays du monde servent leur industrie avant l’export. Les quotas prendraient en compte la densité des forêts, selon les pays et selon les essences. Avec, en cas de rétention comme actuellement, un ticket réduit pour l’export.

Frédéric Gérard



Frédéric Gérard

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