Les nouvelles bases d’accord de sortie de crise pour le prix du lait payé aux producteurs ont reçu l’approbation des éleveurs ainsi que de la plupart des distributeurs. Mais au 2 mai, ni les grandes coopératives laitières ni les grands industriels privés n’avaient donné explicitement leur feu vert.
Un dispositif de 300 millions d'euros
C'est toute fin avril que le médiateur nommé par le Gouvernement pour rendre possible une hausse de prix du lait a revu sa copie: Francis Amand a modifié les bases de son dispositif, qui doit prendre effet dès le paiement de la paie d'avril. Il regrette toutefois “la réticence ” de certains industriels à appliquer le dispositif, qui considèrent que la hausse des prix concédée par les distributeurs ne suffira pas pour faire face à leurs propres difficultés tout en finançant l’augmentation du prix payé aux producteurs. “La mise en œuvre du compromis butte sur le caractère très hétérogène des industriels. Certains ont effectivement des difficultés économiques, mais d’autres ont des marges importantes”, développe-t-il Au 1er juin, les distributeurs accepteraient ainsi une hausse des prix payés aux industriels de 3 centimes le litre de lait de consommation et de 2 centimes le litre de lait intégré aux produits transformés, en fonction de coefficients techniques de transformations.
Ces hausses représentent une enveloppe globale de l’ordre de 300 millions d’euros (soit 12 milliards de litres de lait à 2,5 centimes par litre) dont 190 millions d’euros pour l’ensemble des produits laitiers au stade du détail. La répercussion sur le prix au consommateur ne sera pas automatique. Elle dépendra de la stratégie des grandes surfaces et de leur degré de concurrence. Auchan annonce ainsi vouloir aller dans le sens de ce dispositif sans pour autant répercuter les prix aux consommateurs.
Les positions des distributeurs ont bougé. Système U a émis une position favorable. Carrefour et Leclerc aussi, sous certaines réserves: celles de ne pas payer plus cher le lait importé. Certaines enseignes auraient demandé à siéger à l’interprofession laitière.
Ne plus engager d'actions face aux GMS
Les producteurs, qui en contrepartie, prennent l'engagement de pas perturber les magasins de la grande distribution. FNPL et JA "prennent acte". La Confédération paysanne n'y voit "qu’un maigre dédommagement face à l’explosion des coûts de production que nous subissons depuis neuf mois".
C'est plutôt du côté des transformateurs que le bas blesse. Les coopératives laitières estiment ainsi "les mesures envisagées clairement insuffisantes pour assurer la reconstitution de [leurs] marges".