"Ces 700 m2 de panneaux ont coûté 400 000 euros. Le tarif de rachat de l'électricité produite est de 60 ct/kW. Car le projet remonte à il y a trois ans" explique l'installateur de Lucas Energies nouvelles, Guillaume Ouin, sur le site d'Argentré. Aujourd'hui, les tarifs de rachat ont baissé, mais le prix des panneaux aussi : la même installation reviendrait à moins de 150 000 euros ! C'est sûr, à 17 ct/kW, la rentabilité en prend un coup. Mais on peut majorer ce chiffre de 5 à 10% si on utilise des panneaux fabriqués en Union européenne. Le rachat serait donc à 19 ct. Et la technologie évoluant, l'efficacité des panneaux est plus grande.
Sur une installation, les matériaux représentent 80% du coût, et la main-d'oeuvre 20%. Il y a quelques années, on était à 90%. Les premiers panneaux étaient d'une puissance de 160 W par panneau de 1,66 m2. Aujourd'hui, on est à 260 W. Tous comptes faits, "même si c'est loin d'être l'Amérique, ça se paie tout seul en 10 ans, bâtiment compris" assure l'installateur Sébastien Landais. "Aujourd'hui, celui qui n'intègre pas de photovoltaïque sur son toit n'a rien compris."
Autoconsommation
Mais l'installation de panneaux ne se résume pas à la production d'électricité pour la revente. Le Syndicat départemental pour l'électricité et le gaz de la Mayenne, en charge des réseaux pour les communes, s'intéresse aux énergies renouvelables. "La production d'énergies renouvelables remonte sur le réseau au lieu de descendre d'une production centrale. Cette énergie venant de la base est directement consommée, il y a donc peu de pertes" explique Michel Lemosquet, l'un des onze vice-présidents du SDEGM, agriculteur et militant anti-nucléaire.
Pour le SDEGM, l'enjeu est d'importance : "Par exemple, à Bais, un Parisien a installé du chauffage électrique pour sa résidence secondaire en campagne. Il fallait renforcer le réseau : 80 000 euros pour quinze jours d'utilisation par an !" Donc, "on veut favoriser un maximum l'autonomie des usagers domestiques pour soulager nos réseaux" résume le directeur Alain Ménager. Or, promouvoir le photovoltaïque seul "présente trop d'incertitudes. Les tarifs de rachat sont trop faibles. On a abandonné parce que c'est un miroir aux alouettes" expliquent-ils. "Le SDEGM se positionne de plus en plus sur les économies d'énergie. L'avenir, ce sera de produire l'énergie in situ, pour l'autoconsommation." S'il y trouve une économie, le SDEGM peut accompagner financièrement des particuliers.
Récupérer l'air chaud sous les panneaux
L'auto-consommation devient également une réflexion des installateurs privés. "Une lame d'air circule sous les panneaux photovoltaïques pour les refroidir. Soit dit en passant, il y a toujours un toit sous les panneaux. Leur étanchéité totale est une légende urbaine. Et donc plutôt que de laisser l'air se perdre dans la nature, on le récupère pour l'injecter dans le bâtiment" explique Guillaume Ouin, qui présente le système de Systovi. Ce fabriquant de Saint-Herblain (Loire-Atlantique) produit des modules de récupération d'air chaud. Celui-ci est filtré dans un caisson, puis insufflé pour chauffer la maison. "Selon le contexte, on peut réduire jusqu'à 40% la consommation de chauffage". Par ailleurs, un échangeur permet de pré-chauffer l'eau chaude sanitaire. Une installation de 22 m2 coûte aujourd'hui 9500 euros TTC ou 12 500 euros avec Systovi.
Quand l'électricité sera à 20 cts
Et si on se projette : "Demain, le photovoltaïque alimentera directement le ballon d'eau chaude" détaille Sébastien Landais. "On pourra installer 30 m2, en réserver 25 m2 pour la revente, qui s'autofinancent, et 5 m2 pour l'autoconsommation afin d'économiser sur la facture. Aujourd'hui, les particuliers paient 13 ct / kWh heure pleine. Les annonces pour 2020 laissent penser qu'on atteindra 20 ct." L'autoconsommation ne sera plus seulement un geste pour la planète...
Rémi Hagel