Publié le
Vendredi 8 novembre 2013

Les GIEE, ou la reconnaissance des groupes qui innovent

Des groupes d’innovations, sans statuts particuliers mais pouvant être soutenus par des subventions régionales et européennes, pour donner de nouvelles perspectives à l’agriculture ? Pas une nouveauté, en apparence
Des groupes d’innovations, sans statuts particuliers mais pouvant être soutenus par des subventions régionales et européennes, pour donner de nouvelles perspectives à l’agriculture ? Pas une nouveauté, en apparence

Les groupements d’intérêt économique et environnemental doivent être les moteurs des changements souhaités par Stéphane Le Foll. Mais comment?

C’est l’un des grands piliers de la politique engagée par Stéphane Le Foll, depuis son arrivée rue de Varennes. Les GIEE sont notamment censés porter le développement de l’un des principes qui lui tient le plus à cœur : l’agroécologie. S’appuyer sur les groupes d’agriculteurs pour changer les pratiques et viser une agriculture plus “verte”, dans les dix ans à venir : l’idée est bonne, mais pas forcément novatrice, comme aimerait le laisser croire le ministre. 

La nouveauté, c’est surtout une forme de légitimation, note la fédération des groupes de développement. “Pour la première fois, les pouvoirs publics reconnaissent le groupe comme un outil”, souligne Philippe Desnos, délégué Ouest du réseau Trame, centre de ressources des Geda. En obtenant le label GIEE, des groupes vont pouvoir contractualiser des services sur leur territoire, ou encore modifier plus aisément leurs pratiques qui, au final, profiteront à l’intérêt général — sur la qualité de l’eau, par exemple.

L’assurance de rester autonome ?

Sur le terrain, on ne peut pas dire que ce soit encore l’enthousiasme. Les syndicats ne font d’ailleurs rien pour vendre ces GIEE. Quand le président de la FNSEA dénigre “un machin”, la Confédération craint “la coquille vide”. Il y a aussi ceux qui se montrent “dubitatifs”. La Coordination rurale craint que des groupes jusqu’ici réactifs et innovants “perdent de leur autonomie”, en obtenant le label.

La question reste en effet de savoir qui attribuera ce précieux sésame. Le GIEE n’aura pas de statuts particuliers, juste un label. Dans chaque région, une commission sera en charge d’orienter plus facilement des fonds européens vers des groupes reconnus, pour la formation ou un support technique. Les chambres d’Agriculture se verraient bien aux manettes de ces commissions. Les conseillers techniques offriraient “un avis technique sur les dossiers proposés aux Draaf”, les Chambres régionales se chargeant “d’assurer le secrétariat de la formulation de cet avis” (1). C’est du moins la version la plus douce : certains élus jugent carrément que ces GIEE ne servent à rien, les Chambres suivant déjà 1 400 groupes, dans toute la France.

Le libre arbitre et la volonté des chambres de garder un œil sur des électrons libres sont des éléments que doit prendre en compte Stéphane Le Foll s’il veut voir un jour éclore des GIEE un peu partout dans l’Hexgone. La question des GIEE a déjà fait l’objet d’une scission : un GDA a cassé la convention qui le liait à la chambre d’Agriculture de Vendée.

Frédéric Gérard


(1) Revue Chambre d'Agricultures n°1026


Frédéric Gérard

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