Le colza concentre les points de vigilance que l’on peut rencontrer en agriculture de conservation des sols (ACS). Il est donc indispensable d’anticiper l’organisation du semis pour résoudre les cinq problématiques potentiellement rencontrées :
• Une petite graine à positionner sous de la paille qui a peu évolué, en précédent céréale. Il ne faut pas de paille dans le sillon au contact des semences sous peine d’une très mauvaise levée. La moissonneuse-batteuse doit obligatoirement être équipée d’un éparpilleur de menues-pailles. Pour le semis, on utilise un semoir à dent qui va ôter toutes les pailles, offrir une profondeur de semis régulière et qui va aussi légèrement minéraliser de la matière organique. L’inconvénient principal de la dent est la remontée de pierres. Le semoir à disque fonctionne bien, à condition qu’il soit équipé d’un chasse débris performant ou un disque ouvreur qui coupe bien la paille sans la plier dans le sillon. Comme tout semis en direct, le roulage est toujours bénéfique.
• Une forte sensibilité aux problèmes de structure des vingt premiers centimètres du profil. Le colza doit pouvoir installer un pivot d’au moins 5 cm de long, idéalement 15 cm. Il est donc nécessaire d’avoir une bonne structure de sol de surface et donc une récolte du précédent sans tassement. L’ancienneté en ACS est un plus avec la création du mulch de surface.
• Des besoins en azote insatisfaits en raison de la décomposition des pailles et de la saison. Les pailles, riches en carbone, mobilisent de l’azote pour se décomposer et la sécheresse estivale empêche la minéralisation de la matière organique. De plus, les reliquats post récolte sont souvent très faibles car la maîtrise de la fertilisation azotée est de plus en plus élevée. Il est donc nécessaire d’apporter un engrais starter (dans la limite de la réglementation) qui fournira, outre de l’azote, du phosphore, du soufre et tout fertilisant permettant un développement satisfaisant avant l’entrée hiver. Le colza est une plante exigeante en phosphore et en soufre. Il faut donc veiller à ce qu’il n’y ait aucune carence dans ces deux éléments. On sait que le semis direct a tendance à mobiliser ces éléments dans la matière organique donc il faut y être vigilant.
• Le risque de rémanence de certains herbicides, en particulier les sulfonylurées (Attribut, Absolu Pro, Archipel, Biscoto, Monitor, Nirvana S, Pulsar 40). Selon la date d’application et le dosage, les produits peuvent impacter très fortement la culture voire empêcher toute levée.
• La gestion des ravageurs en particulier les limaces qui se trouvent avec moins de prédateurs sous les pailles. La mise en place de kit de comptage des limaces est conseillée. Le roulage peut également les déranger en limitant les anfractuosités du sol.