Cassandra Bourmault a 26 ans. Installée à Luché-Pringé, dans le Sud de la Sarthe, elle porte ce projet de "pailles en seigle" depuis dix-huit mois. "Mes parents et mon frère exploitent 250 hectares, avec 180 bovins et six poulaillers de Loué. Je me suis installée en 2017 sur 100 hectares, avec des génisses à l’engraissement et un bâtiment pondeuses. Nous avons l’habitude de la diversification. Nous faisons par exemple du maïs semence pour lequel nous employons une cinquantaine de jeunes l’été, des carottes pour Bonduelle, et du quinoa en sus des cultures traditionnelles comme le blé, le seigle, le colza et le maïs." Après un Bac pro en commerce, en alternance dans une épicerie fine du Mans, la jeune fille a refait un Bac pro CGEA pour s’installer.
"Début 2019, nous avons eu un contact avec une entreprise qui cherchait un transformateur de paille de seigle, pour de l’automatisation de la découpe des pailles de seigle. Elle mandate des ESAT, entreprises de travail adapté, où les pailles sont découpées à la main. C’est un travail particulièrement fastidieux. Nous ne pouvions pas lui fournir à l’époque, mais ça m’a donné envie de creuser et j’ai découvert qu’il n’existait alors pas de solution technologique ni en France, ni dans l’Union européenne."
La jeune entrepreneuse se saisit de la question, car elle y voit une belle manière de valoriser la production de l’exploitation. "Le seigle est une culture bien adaptée à notre zone, il est très résistant aux maladies et demande peu d’eau. Sa paille est classiquement utilisée en litière pour les animaux."
Des innovations techniques
Pour obtenir une paille "à boire", il faut déjà identifier la partie du brin de seigle dont le diamètre est compatible avec cette utilisation. D’où le test optique développé par La Paille à Boire. Il faut ensuite réaliser une découpe précise et rapide puis nettoyer les pailles avant de les emballer. "Nous venons de terminer les études de faisabilité et tout cela fonctionne", confirme Cassandra Bourmault. La fabrication du prototype est en cours et il devrait être livré dans quelques mois. "Ça n’a pas été simple, j’ai contacté une dizaine d’entreprises spécialisées dans la construction de machines spéciales. Une seule m’a répondu." Installée dans le nord de la France, cette dernière dispose d’un bureau d’études qui a finalisé les plans et un atelier de production.
"Nous allons embaucher car il faut deux personnes par machine. Et j’espère bien arriver assez vite, avec plusieurs machines, à dépasser la dizaine de salariés", estime la jeune créatrice. Elle attend notamment de l’accompagnement une aide à la conduite d’entreprise industrielle."Nous parlons de production en secondes et non plus d’hectare" sourit-elle. Outre la récompense Végépolys (10 000 €), elle sera aussi accompagnée par Village by CA installé à La Ruche du Mans.