Le “mépris” “Après six heures de discussion, au bout du compte, ce qui est revenu de manière assez claire, c’est qu’on n’y voyait pas suffisamment clair, que la Commission devait préciser les choses et que pour qu’il y ait une décision politique, il faut un conseil (des ministres)”, a lancé Stéphane Le Foll, visiblement frustré, à l’issue de la rencontre. Il regrette entre autres que la Commission ne relève pas le prix d’intervention sur les stocks de lait en poudre et de beurre. “Nous pensons toujours que (c’est) la mesure la plus efficace.” En fait, tout le camp agricole est déçu. La FNSEA comme la Confédération paysanne parlent de “mépris”. On est “bien loin du compte”, regrette le principal syndicat européen, le Copa-Cogeca (qui représente la FNSEA). “Il est clair qu’un paquet d’aides de 500 millions d’euros est bien loin du compte pour indemniser les agriculteurs de la perte de leur principal marché à l’exportation, la Russie, qui vaut 5,5 milliards d’euros par an”, a déclaré le secrétaire général du Copa-Cogeca, Pekka Pesonen. Pour la Confédération paysanne, le Conseil a “osé se servir de la détresse des éleveurs pour aller encore plus loin dans le libéralisme, pour accélérer encore la disparition des paysans”. “Le commissaire s’est moqué de nous” lancent Jeunes Agriculteurs. Phil Hogan (absent de la réunion) “nous a laissé un chèque de 40 euros par exploitation”. 7 000 manifestants Le 7 septembre, la police belge, qui s’était déployée en force, a compté 7 000 manifestants de tous les syndicats, et plus de 1 400 tracteurs. Ils ont congestionné des grands axes de la capitale belge en particulier le quartier Schuman, qui abrite les institutions européennes. Pendant plusieurs heures, les forces de l’ordre ont encaissé des jets de projectiles divers : bouteilles, pétards et fusées, œufs ou pavés... Quatre policiers ont été blessés, dont un a été hospitalisé. Peu avant la fin du rassemblement, la police a eu recours à un usage intensif de gaz lacrymogène.
La Commission européenne a proposé le 7 septembre à Bruxelles, lors d’un Conseil agricole exceptionnel de l’UE sur fond de manifestations, une enveloppe d’urgence de 500 M€, financée à hauteur de 370 M€, par le super-prélèvement laitier 2014-2015. L’essentiel, soit quelque 400 M€, sera réparti entre tous les Etats membres de l’UE, selon une clef à finaliser, pour qu’ils apportent un soutien ciblé à leurs producteurs de lait. Elle n’a pas envisagé, en revanche, un relèvement du prix d’intervention de la poudre de lait, mesure réclamée notamment par la France, mais qui est loin de faire l’unanimité selon la présidence luxembourgeoise de l’UE. La Commission prévoit également une revalorisation de l’aide au stockage privé de la poudre de lait, l’octroi de telles aides en faveur des fromages et de la viande porcine, ainsi qu’un renforcement de la promotion des produits laitiers et du porc. Enfin, les Etats membres seront autorisés à verser à partir du 16 octobre une avance de 70 % sur les paiements directs. Les experts des Vingt-huit reviendront le 11 septembre sur le dossier, dont les ministres auront ensuite l’occasion de débattre de nouveau lors de leur traditionnelle rencontre informelle, les 14 et 15 septembre à Luxembourg.