Détention de stupéfiant, vol, effraction, agression sexuelle… C’est l’atmosphère qui flotte dans la salle d’audience du tribunal judiciaire d’Angers en cette après-midi du 16 novembre 2020. Etrange alors de voir surgir Thierry Hervé avec son franc-parler d’agriculteur. Après la confiscation de son troupeau au début de l’année 2020, l’éleveur est notamment jugé pour mauvais traitement envers animaux, tentative de tromperie et non remise au service d’équarrissage de sous-produit animaux. Lors du procès, il est aussi question de pressions exercées par Thierry Hervé sur la DDPP et l’Association de protection des animaux d’élevage et d’abattoirs (OABA), structure qui a recueilli les 315 bovins de l’exploitation et s’est portée partie civile.
Quand l’audience débute, la présidente de la cour égrène les faits reprochés à l’éleveur : "Toit partiellement effondré", "aucun endroit sec pour les animaux", "cadavres de veaux abandonnés", "ré-identification de bovins trop âgés". "C’est mon métier depuis trente-cinq ans d’acheter des animaux maigres pour les engraisser", se défend l’éleveur.
Lors de sa prise de parole, l’avocate de l’OABA s’étonne de l’absence d’ordonnances et de factures vétérinaires pour une exploitation dont la spécialité est de récupérer les animaux en mauvais état. "Ce n’est pas une clinique que dirige M. Hervé, mais bien une exploitation agricole avec des contraintes économiques", martèle Me François-Xavier Juguet, l’avocat de l’éleveur. Selon lui c’est le procès de tout un mode d’élevage, que l’on ne veut plus voir, qui est fait à travers le jugement de Thierry Hervé.
Des peines qui pourraient être lourdes
S’engage alors une bataille chiffrée concernant le taux de mortalité de 21 % sur l’exploitation de M. Hervé, qui serait le signe des mauvaises conditions d’élevage. "Mais en décembre 2018, il y a un contrôle de la DDPP avec toute une page de postes conformes alors que le taux de mortalité était de 28 %", argumente l’avocat de la défense. Côté anomalies de bouclages, les constatations de non-conformités sont plus compliquées à expliquer. "Il y a 71 animaux qui vont partir à l’équarrissage faute de pouvoir établir une traçabilité", chiffre l’avocate de l’OABA. De son côté la DDPP a constaté entre autres que six boucles de bovins morts étaient posées sur des animaux vivants. "Ce sont presque toujours des bovins mâles de 3 à 5 ans qui ont des boucles d’animaux de 18 à 20 mois", explique la vétérinaire des services de l’Etat.
Pour Thierry Hervé, la procureure demande 10 mois d’emprisonnement assortis d’un sursis probatoire de 18 mois notamment liés aux réparations des dommages, notamment les plus de 90 000 euros de frais de garde demandés par l’OABA. L’éleveur est aussi sous la menace de peines complémentaires lui interdisant d’exercer le métier d’éleveur professionnel pendant cinq ans.
Thierry Hervé est sorti du tribunal les larmes aux yeux. "Je n’ai rien pu dire. Ils ne m’écoutent pas, ils s’en foutent."