Benoît Huntzinger élève des vaches allaitantes et des brebis de Belle-Ile dans ce havre bocager. La ferme, reprise en 2018, est en bio depuis trente ans. Aujourd'hui, il s'attache à conserver ses atouts : les haies, il veut leur faire gagner de l'épaisseur. Il va creuser deux mares dans les mois à venir. "Le but, grâce à cette biodiversité, c'est d'offrir le maximum de possibilités aux animaux de se soigner, de s'immuniser."
Mais depuis un an que l'on parle de déploiement de la fibre optique et des conséquences pour les haies, il est contrarié. Il essaie de se battre et mobiliser dans son bocage chemillois. "J'essaie d'expliquer que des choses sont en train de se faire sans qu'on leur dise, que quand la fibre sera posée il sera trop tard." Il a aussi sollicité Anjou numérique, le syndicat mixte chargé de déployer la fibre optique. "Je leur ai demandé d'ajourner le développement de la fibre sur la route qui vient jusque chez moi, donc les travaux sont arrêtés, ils reprendront d'ici deux ans."
A un kilomètre de là, "un producteur de porcs a coupé ses arbres à un mètre de hauteur pour dégager le passage, des chênes de dix - quinze ans", se lamente-t-il. "Une majorité d'agriculteurs risquent de passer un coup de tronçonneuse pour ne pas avoir à s'embêter." Et les conséquences pour l'image de l'agriculture seront ravageuses : "C'est un message super mauvais que vont envoyer les agriculteurs aux citadins ! Il y a un vrai danger !"
"Manque de courage politique"
Ce qui révolte cet éleveur bio, c'est "l'incohérence de la politique du conseil départemental". "Ils font des économies sur leurs chantiers en faisant de la sous-traitance avec des sous-prestataires mal payés, toutes ces économies sur le dos du social, il faut les réinvestir dans l'environnemental !" "Dire que l'on ne fait pas de développement industriel sans penser aux conséquences derrière, c'est suicidaire. On peut être moderne et novateur. Ne pas être capable d'investir 20 000 euros pour enfouir un kilomètre de fibre, pour moi, c'est un manque de courage politique."
Benoît Huntzinger a une autre idée : "Au-delà de l'enfouissement, une alternative, adoptée par certaines collectivités notamment en Vendée, serait une prise en charge par les communes de la taille de mise en conformité des haies."