Publié le
Samedi 19 décembre 2020

[ C'était l'Avenir...] Psychose : trois semaines noires autour de l’ESB

Une le 21 juin 1996. Une semaine plus tôt, un millier d'agriculteurs manifestaient à Laval.
Une le 21 juin 1996. Une semaine plus tôt, un millier d'agriculteurs manifestaient à Laval.

Edition du 26 avril 1996 - Jusqu’aux premières mesures, du 21 mars au 15 avril 1996, le marché de la viande bovine s’est effondré. Témoignages.

20 mars 1996, déclenchement du séisme de la "vache folle". Du 25 mars au 14 avril, les abattages de bovins se sont effondrés. "On ne se posait même pas la question du prix", témoigne un dirigeant de groupement. "Seule nous préoccupait la possibilité d’écouler les animaux."

"Même plus une question de prix"

"Notre activité en jeunes bovins a chuté jusqu’à 10 - 20 % de l’activité normale", indique Jean-Paul Hay, directeur du Gibev basé à Craon (Mayenne). Chez Arco (dont le siège est en Ille-et-Vilaine), les abattages sont passés de 850 juste avant la crise, à 400 la semaine suivante, puis à 200 et 250. A la Coopérative des agriculteurs de la Mayenne, de 400 taurillons avant le 20 mars à 300, puis à 80 les deux semaines suivantes.

Trois à huit fois moins de taurillons abattus dans les trois semaines qui ont suivi le 20 mars : cette catégorie représente près de la moitié du tonnage de viande bovine produite dans notre région. Les bovins dits traditionnels ont mieux encaissé le choc. "Nous avons commercialisé deux fois moins d’animaux dans les semaines qui ont suivi le début de la crise", avoue Daniel Honoré, responsable commercial à la Cam.

Seuls, labels et marques ont pu se défendre. Pendant ce mois de crise, Arco a même commercialisé 50 labels limousins au lieu de 40 prévus. Quant aux prix, faute de cotation nationale, les groupements ont "navigué à vue". Au Gibev comme à la Cam, on parle pour les taurillons de 2,50 F à 3 F en moins du kilo ; et de 1,50 F de moins pour les gros bovins traditionnels. Même les labels ont subi une baisse sensible des prix.

"On souffle, mais jusqu’à quand ?"

Il est trop tôt pour apprécier toutes les conséquences de cette crise dans la mesure où nombre d’éleveurs ont préféré garder leurs animaux plutôt que de les brader, quitte à faire des dépenses alimentaires et un surcroît de gras. Arco estime à 1 400 le nombre de JB stockés en ferme pendant les semaines noires. "Heureusement, nous avons pris nos places à l’intervention et nous allons pouvoir écouler tout le stock cette semaine." (...)

Depuis la décision de dégager le marché par l’intervention et les contrats avec l’Iran et l’Egypte, les abattages ont retrouvé depuis la semaine dernière leur niveau d’avant crise. "On souffle, mais pour combien de temps ?" s’interroge-t-on dans toute la filière.

Jean-Pascal Lefebvre
Le journal
18 décembre 2020 - N° 51 - Notre dernier numéro
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