Publié le
Vendredi 21 juin 2013

Bois : cette valeur ajoutée qui va en Chine

La Chine cherche à pouvoir répondre à ses besoins. Problème : ils sont immenses et pèsent lourdement sur le marché.

La Chine importe chaque année 30 millions de m3de bois de résineux et 2 millions m3en bois de feuillus. Les scieries françaises produisent 10 millions de m3. (Ici, l’entreprise Ménard 53).

On pouvait croire que les pays d'Europe du Nord étaient les rois du pétrole, en matière de bois. Mais la Scandinavie voit, depuis une quinzaine d'années, débouler des acheteurs particuliers : les Chinois sillonnent les forêts du monde à la recherche de ce dont ils ont besoin. La Chine est en effet l'une des zones les plus déforestées de la planète. Pour répondre à ses gigantesques besoins, à partir des années quatre-vingt-dix, le pays a mis en place un vaste plan d'approvisionnement, pour devenir l'un des premiers importateurs de bois africains et européens.

La Chine achète partout, et exporte

Ces concessions chinoises pénalisent le développement de filières locales. Car si la Chine achète partout, elle exporte aussi un peu partout. L'an dernier, la FNB (fédération nationale du bois) a ainsi tiré la sonnette d'alarme pour “stopper l'hémorragie”, en particulier contre “l'exode” des grumes de chênes et de hêtres. “Avec l’Italie et l’Espagne [débouchés traditionnels], les volumes étaient à peu près stables. Avec la Chine et l’Inde, on a l’impression que ce mouvement va crescendo. C’est un gouffre sans fin”, s'inquiétait alors Laurent Denormandie, le président de la FNB.

Selon Arnaud Trubert, le président de l’Union régionale des industriels du bois (1), “il faudrait trois ans à la France pour répondre au marché annuel chinois !”. La Chine importe chaque année 30  millions de m3 de bois de résineux et 2  millions m3 en bois de feuillus. Les scieries françaises produisent 10  millions de m3.

Le problème, c'est la perte de valeur ajoutée. Si les premiers fournisseurs de la Chine sont bien l'Ukraine et la Russie, la France voit aussi partir son bois vers l'empire sino économique, qui lui en revend une partie, fabriquée, transformée en parquet par exemple. De plus, explique Arnaud Trubert, les Chinois sont des commerçants très opportunistes : “Ils peuvent commander 30 containers d'un type de bois, ce qui crée un appel d'air énorme pour nos marchés. Les prix s'envolent alors. Mais au bout de trois containers, ils peuvent rompre le contrat… Mais on ne peut déjà plus suivre.” Certains bois peuvent ainsi prendre 30 % après une commande de Pékin.

Pour s'adapter à cette nouvelle donne mondiale, le regroupement d'entreprises est d'actualité, comme dans beaucoup de secteurs d'activité. En 20 ans, on ne compte plus le nombre de scieries qui ont fermé. Le volume de production s'est toutefois maintenu, souligne la FNB. Mais avec les petites entreprises familiales, c'est parfois aussi un savoir-faire qui disparaît…

Un dispositif essaie de sauver ces compétences et savoirs. Le fonds de modernisation des scieries permet aussi aux entrepreneurs d'innover. Pas pour les meubles : la bataille semble déjà perdue, face aux composites à bas coûts, chez Ikéa notamment. Mais pour la construction, le jeu en vaut encore la chandelle. Des nouvelles techniques de boutage ou les bois thermo-chauffés (2) permettent à la filière de se repositionner sur le marché, avec en prime, une étiquette “durable”.

Frédéric Gérard


(1) L'Urefsib : l'union des exploitants forestiers, scieurs et industriels du bois des Pays-de-la-Loire.

(2) Le boutage consiste à extraire les noeuds par coupe dentelée, puis à recoller ou emboîter les parties afin d'obtenir une meilleure esthétique et une meilleure résistance. Le BMT est un bois “cuit” ou “modifié thermiquement” afin de détruire les bactéries et ainsi le rendre plus résistant, de façon durable (non traité). 



Frédéric Gérard

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