Avec ce chiffre de 29,22 Mt, c'est la troisième fois seulement en vingt-cinq ans, après 2003 et 2016, que la production française de blé tendre devrait être inférieure à 30 millions de tonnes cette année, estime la société de conseil Agritel.
Elle se base sur un sondage réalisé auprès des opérateurs de la filière, représentant un échantillon de plus de 75 % de la surface totale de blé tendre française. Quant au rendement moyen, il se situerait à 6,80 t/ha, soit environ - 8 % par rapport à la moyenne quinquennale hors extrêmes. Ce chiffre de 29,22 Mt (- 26 % par rapport à 2019) est même inférieur à la prévision du ministère de l'Agriculture qui anticipait au 1er juillet une récolte de 31,3 Mt.
Un effet ciseau dévastateur
Deux phénomènes climatiques extrêmes expliquent cette chute de la production : des précipitations excessives à l'automne qui ont compliqué les semis, et la sécheresse qui s'est installée sur tout le pays au printemps, ne permettant pas aux cultures de bénéficier des pluies nécessaires à leur développement.
Agritel estime à près de 15 % le recul des emblavements cette année. Quant au rendement des blés tendres, il serait proche des 6,83 t/ha, soit une baisse de -13,65 % par rapport à la campagne précédente.
- 20 % à - 25 % en Pays de la Loire !
“L'effet ciseau d'une baisse des surfaces suite à l'automne pluvieux, conjugué à la baisse des rendements liés au déficit hydrique du printemps, explique en grande partie le résultat très décevant de cette récolte 2020 sur l'aspect quantitatif” explique Michel Portier.
D'autre part, si la qualité est jugée satisfaisante avec des “poids spécifiques et des taux de protéines qui sont globalement bons”, ces résultats sont marqués par une grande hétérogénéité. Des pluies tardives ont été bénéfiques dans le Grand Est et une partie des Hauts-de-France, deux régions qu’Agritel situe respectivement dans des fourchettes de rendement de + 1 % à + 5 % et - 1 % et + 1 % par rapport à la moyenne (hors extrêmes) sur cinq ans. A l’inverse, la Nouvelle-Aquitaine et les Pays de la Loire, qui ont pâti d'un stress hydrique trop important, affichent des baisses de - 20 % à - 25 %.
Une qualité satisfaisante bonne pour l’export
En dépit d’une production attendue sous les 30 Mt, la France pourra satisfaire ses clients traditionnels. De plus, la qualité jugée satisfaisante est conforme aux normes exigées par les principaux débouchés, à l’export notamment. “Cependant, après une année 2016 catastrophique, et compte tenu des faibles volumes récoltés cette année, les céréaliers français vont de nouveau être éprouvés, d'autant plus que les cours ne réagissent pas à la hauteur du phénomène” analyse Michel Portier.
En début de mois, FranceAgriMer ne partageait pas l'optimisme d'Agritel quant aux exportations françaises de blé tendre. En dehors de l'UE, elles pourraient dévisser de plus de 40 % pour s'établir en dessous de 8 Mt. “L’une des questions est de savoir quelle sera la demande de la Chine pour le blé français, après des volumes inédits en 2019-2020. Il faudra aussi surveiller le retour de l’Australie sur le marché mondial, ainsi qu’une possible diversification de ses fournisseurs de la part de l’Algérie.”