"D’habitude, on compte les femmes dans les réunions. Là, on compte les hommes. Ça fait plaisir !” lance la préfète, lors d’un déjeuner-débat à la préfecture, point d’orgue de la journée internationale des femmes, le 8 mars. Corinne Orzechowski y a réuni des femmes remarquables : élues, agricultrices, fonctionnaires ou entrepreneurs.
Les femmes constituent 51,6 % de la population, les jeunes filles réussissent leurs études, mais “plus on s’élève dans la hiérarchie, moins il y a de femmes. Il y a un problème. La première loi sur l’égalité professionnelle des femmes date de 1972. On en est encore loin aujourd’hui, notamment en terme de rémunération” regrette la préfète. Le sujet lui est cher : elle-même occupe une fonction où les femmes sont peu représentées. “Nous sommes 16 préfètes sur 127. Il n’y a qu’une seule préfète de région.”
Se réunir entre femmes peut-il faire évoluer les choses ? “C’est l’occasion de faire un arrêt sur image, de se poser les bonnes questions. L’égalité des femmes, il n’y a que les femmes pour s’en emparer.” Pour autant, Corinne Orzechowski ne se prétend pas féministe acharnée. “On veut arriver à l’égalité, à une société équilibrée, pas plus que cela.”
“Je ne dois mon poste qu’à ce que j’ai fait”
Dans sa carrière, “être une femme m’a servi quelques fois. Des gens agressifs deviennent plus calmes face à une femme. Mais j’ai aussi rencontré de vrais machos, qui ne vous prennent pas au sérieux.” Les préfets ont pour interlocuteurs les représentants des forces armées. Face aux galonnés de la vieille école, il faut savoir se faire entendre. Corinne Orzechowski a su asseoir son autorité. “J’ai fait mes preuves comme chef de guerre, lorsque j’ai dû gérer les inondations de 2010”. Elle était alors sous-préfète du Var. “Je ne dois mon poste qu’à ce que j’ai fait. Dans le domaine du maintien de l’ordre, quand les gens voient que vous êtes compétente, ils ont confiance en vous” dit-elle en servant le vin à ses invitées.