“L'agrobusiness, un Etat dans l'Etat “ La manifestation d'Angers était l'occasion pour les éleveurs de verser plusieurs centaines de litres de lait dans un grand bac, et y faire flotter des portraits de personnalités politiques. Il s'agissait de faire entendre une autre voix que celle du syndicat majoritaire : “La FNSEA veut remettre en place des subventions pour dégager le marché, or c'est reculer pour mieux sauter, estime Franck Courcelle. La solution, c'est la régulation européenne”. “Depuis trente ans, on n'entend que la voix de l'agrobusiness, cet Etat dans l'Etat qui fait disparaître les éleveurs, ce modèle qui fait que l'on a de la viande de cheval dans nos lasagnes, s'insurge Paul de Montvalon. Ces gens-là dilapident l'argent public pour en plus faire disparaître l'élevage”. C'est le début d'un mouvement, prévient encore l'initiateur de la manifestation, qui regrette au passage que l'Apli, du temps de sa splendeur, “n'ait pas attaqué davantage l'agrobusiness”. Ce nouveau mouvement informel 'Je suis éleveur' n'a pas de forme juridique, mais une charte semble avoir d'ores et déjà été rédigée : “Aucun responsable politique ou syndical ne peut parler en notre nom, et chacun s'engage à publier toutes ses indemnités et ses revenus.” La manifestation d'Angers était un premier rendez-vous. Le prochain sera ce lundi 7 septembre à Bruxelles : “On sera face au clan du Copa-Cogeca et on verra qui sera les plus nombreux !” Une autre démonstration de force est aussi programmée mardi 15 septembre à Rennes “au salon de l'agrobusiness” (le Space). Pas de violence a priori, mais le blocage des entrées n'est pas impossible.
Une petite cinquantaine d'éleveurs, accompagnés de treize tracteurs, s’est rassemblée devant le palais de justice d'Angers, vendredi 28 août, à l'initiative de militants de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli). “Ce n'est pas l'Apli qui organise”, s'est immédiatement défendu le principal initiateur du mouvement Paul de Montvalon, éleveur à Denée (Maine-et-Loire) et président de l'Office du lait. “C'est un mouvement citoyen, créé avec une page Facebook, qui s'appelle 'Je suis éleveur'”. Un mouvement censé ne pas rassembler uniquement des producteurs de lait puisque ce sont toutes les productions qui sont en crise. Un mouvement qui vise à attirer également les simples citoyens. “ 'Je suis éleveur’, c'est un nom qui correspond à des idées, le consommateur doit se sentir solidaire, c'est un problème citoyen, tous seuls on n'y arrivera pas”, argumente Paul de Montvalon. Si ce n'est pas l'Apli qui a appelé à ce rassemblement, c'est aussi parce que “vu la dangerosité de ce qui va nous arriver, l'Apli ne veut pas organiser de manifestation parce que ça va partir en sucette”. A demi-mot, Franck Courcelle, éleveur mayennais vice-président de l'Apli nationale, admet une autre raison : “Le nom de l'Apli en rebute certains, pour venir manifester.”