Pensez-vous que la Bretagne est touchée du fait du “carcan” réglementaire ?
La région doit se repositionner en matière qualitative et d’adéquation au marché. Les agriculteurs bretons doivent redéfinir leur stratégie commerciale. La crise bretonne n’est en effet pas due qu’à l’Allemagne. C’est une convergence de facteurs. Il existe deux régions allemandes dans la Basse-Saxe qui font du porc pour l’export avec, certes, des avantages sociaux faute de salaire minimum, mais d’après aussi une construction économique transversale. Dans les élevages, ils ont beaucoup développé la méthanisation. Quand l’on discute avec un producteur de porcs allemand de Basse-Saxe, il nous dit que 30 % de son revenu proviennent de l’énergie. En Bretagne, ceux qui s’en sortent le mieux sont ceux qui se sont mis à la marge du modèle breton, avec de signes de qualité, des marchés ciblés et, non pas suivant une intervention générique.
Le gros handicap de la France, que n’a pas l’Allemagne, est que ce sont des décideurs nationaux qui décident aujourd’hui des politiques régionales. Alors que l’Allemagne définit, avec ses acteurs régionaux, une politique régionale, accompagnée par le niveau national. Ce qui n’est pas la même chose. Il faut une autre gouvernance que celle que l’on a aujourd’hui pour monter des projets. Y compris dans les évolutions réglementaires. Si, pour la formalisation de l’écotaxe par exemple, on avait mis autour de la table les transporteurs, les producteurs, etc., on ne serait peut-être pas face au texte que nous avons aujourd’hui.
Vous préconisez de “faire de l’environnement une terre d’innovation fiscale”. N’est-ce pas trop strictement intéressé ?